La rentrée est là…. Vive la rentrée !!! On ne peut être plus consensuel… donc heureux ?
Pourtant, en y réfléchissant bien, pouvons-nous nous sentir à l’aise et serein dans un monde où les points de repères sont de plus en plus fluctuants et où nous avons, les uns et les autres, de plus en plus de difficultés à nous situer. Oui, indéniablement, nous vivons une époque difficile dominée d’une part par la dictature des médias qui, le plus souvent nous conditionnent et orientent notre façon de vivre, notre façon de nous comporter et d’autre part par le règne d’un matérialisme omniprésent dans notre quotidien.
La réussite semble correspondre au niveau de vie « affiché », le semblant l’emportant sur l’authentique, la caricature et le cliché sur l’être profond. La confusion est extrême et on confond, le plus souvent, « réussir dans la vie et réussir sa vie ». Je me rappelle encore ce slogan publicitaire diffusé à grand renfort de panneaux publicitaires : « Epatez vos voisins !!! Dites-leur ce que vous avez entendu sur notre radio » En peu de mots tout est dit : il faut épater… il faut être le meilleur (ou apparaître comme tel) … il faut être en état d’alerte permanente pour ne pas se laisser dépasser…
Malheur au faible !!!
Qu’il s’agisse du milieu professionnel, politique, culturel, sportif… l’émulation ne m’apparaît pas saine, elle n’est plus basée sur le goût de l’effort et le dépassement de soi mais sur l’écrasement de « l’autre » qui, de ce fait, devient le plus souvent l’homme à abattre ! Pour être le meilleur toute une panoplie est à disposition : tricherie, croche-pied, drogue, faux semblant, mensonge, non-respect de la parole donnée…
Pessimiste me direz-vous ? Je ne le pense pas. Réaliste…peut être ! Tant que l’argent sera le nerf de la guerre, tant que l’économie sera axée uniquement sur la consommation et le matérialisme nous vivrons des moments difficiles et incertains. Le monde a faim non seulement de nourritures terrestres mais de saines motivations d’espoir et de joies de vivre. On voudrait nous faire croire que les difficultés actuelles à vivre dignement seront apaisées sur terre par des solutions purement matérielles et que notre planète sera un jour un paradis, un jardin d’Eden où chacun trouvera sa place sans remettre en cause l’existence de « l’autre ».
Dans ce monde déshumanisé l’homme se sent atteint dans sa dignité, impuissant malgré son désir de progresser dans l’amour et dans la connaissance qui seuls sont à même de limiter son individualisme, son égoïsme, défaut le mieux partagé dans le contexte actuel. Dans son ouvrage « Divine blessure (1) » Jacqueline KELEN stipule : « La société actuelle a besoin de Saints et d’Eveilleurs, bien plus que d’économistes et de psychologues ».
Parmi les antidotes à ce « mal vivre » il en est un que je recommande parce que je l’ai adopté : il s’agit de la pérégrination sur les chemins de Compostelle !
Pourquoi tant de femmes et d’hommes décident aujourd’hui de partir sur « Le chemin des étoiles » si ce n’est pour retrouver un équilibre et une prédominance du spirituel sur le matériel seul à même aujourd’hui de répondre aux aspirations profondes de l’être humain et à lui rendre ainsi ses lettres de noblesse.
« Faire Saint Jacques » comme l’on dit : c’est retrouver des joies simples oubliées dans le désordre de la vie quotidienne, c’est retrouver ses racines en côtoyant notre bonne vieille terre et sa merveilleuse nature, c’est se surprendre en redécouvrant le goût de l’effort avec abnégation et persévérance, c’est oublié le superflu pour aller à l’essentiel, c’est oublier pour un temps son Ego pour se tourner vers les autres avec humilité et s’enrichir à leurs contacts.
En fait, les Chemins de Saint Jacques nous proposent tout un programme qui concoure, à terme, à rendre l’homme libre et responsable et à lui restituer sa véritable place dans le monde d’aujourd’hui.
Sachons apprécier à sa juste valeur cet espace salvateur qui au travers de ses traditions, de ses mythes et légendes et de sa spiritualité réconfortent et maintient l’espoir.
Pierre CATOIRE
(1) « Divine blessure » de Jacqueline KELEN Editions Albin Michel