UNE EXPERIENCE INOUBLIABLE: LA PEREGRINATION VERS COMPOSTELLE!

Un chemin initiatique…..

Le désir de cheminer m’est venu tout à fait par un pur hasard (mais le hasard existe-t-il ?) lors d’un weekend passé en Aveyron où il me fut donné de découvrir ce beau village de Conques, passage mythique des pèlerins venus du Puy en Velay et se dirigeant vers Compostelle…. Pour la première fois j’entrais en contact avec des « jacquets » nom donné à ces pèlerins qui ambitionnent d’atteindre à force de courage et d’abnégation le tombeau de Saint Jacques en Galice, ils forçaient mon admiration de par l’enthousiasme et la foi inébranlable qu’ils manifestaient dans la réussite de cette aventure que j’entrevoyais périlleuse !!!

Le dialogue établi avec certains d’entre eux m’a tellement impressionné que je n’ai eu alors en tête que de les imiter….

Un de nos confrères, comme bien d’autres d’ailleurs, rappelle très bien les motivations qui les ont poussés à prendre le chemin, je les cite :

« Ainsi naît « une envie » dans votre tête qui prend chaque jour une place un peu plus grande, je devrais dire des envies : l’envie de savoir, mais savoir quoi ? de savoir qui on est…. Ce personnage qui habite votre peau depuis 60 ans et qui court sans jamais s’arrêter, qui juge les autres, qui éduque les autres, qui tremblent pour les autres, qui parfois haït les autres, qui souvent boude les autres, qui croit en Dieu mais qui doute en Dieu. N’est-il pas temps de le juger ? N’est-il pas tard pour l’éduquer, le conseiller, le rectifier ? Ce corps qui vieillit, qui s’embourgeoise, qui s’empâte, n’est-il pas temps de le réveiller, de l’éprouver, de le raffermir ? Ce mari est-il un bon mari ? Ce père est-il un bon père ?  Ce grand père un bon grand père ? Cet ami un bon ami ?….

Quelqu’un m’a dit sur le chemin : « j’avais envie d’accomplir quelque chose d’extraordinaire que peut faire quelqu’un d’ordinaire ».

1600 km à pied avec près de 10 kilos sur le dos…

Rompre les amarres comme le marin quitte le port…

Quitter son foyer comme le marin quitte la terre…

Réapprendre Humilité, Tolérance, Pardon…

Gagner la terre promise à la seule force de ses mollets…

Gagner la Sagesse à force de méditation…

Gagner la Foi à force de prières…

Gagner sa propre estime à force de courage…

Gagner plus de bonté à force de partage…

Retrouver Dame nature et réapprendre à l’aimer….

Retrouver le temps et prendre le temps au temps…

Connaître la séparation pour mieux aimer après…

Pour toutes ces raisons le chemin devient une obsession. On finit par saturer ses proches à force d’en parler. Puis, quand arrive le moment de partir, c’est la peur panique qui vous étreint, le doute ! En parler, c’est facile, mais le faire devient complètement fou. »

Devant la cathédrale du Puy en Velay: l’heure du départ a sonné!

C’est dans cet état d’esprit qu’un beau matin, ma femme m’a accompagné en voiture au Puy en Velay, la peur au ventre je partais pour le Chemin….

 Je me rappelle mon départ : ce moment de grande solitude, me retournant à plusieurs reprises pour apercevoir les petits signes d’encouragement de mon épouse restée après moi devant l’impressionnante façade mozarabe de Notre Dame du Puy…. Le cœur gros je me suis alors élancé pour un cheminement que je n’oublierai jamais…Le premier pas, le seul qui compte selon l’adage populaire n’est pas toujours aisé, il arrache à la quiétude de la vie régulière pour une durée plus ou moins longue et livre aux aléas du chemin, du climat, des rencontres, d’un emploi du temps que nulle urgence n’entrave…Franchir le pas est synonyme de changer d’existence….

Ce périple, préparé avec minutie, m’a amené à me départir de bon nombre de choses et d’encombrantes habitudes, j’étais conscient qu’il me fallait abandonner  tous ces métaux qui nous envahissent et qui brillent d’un éclat trompeur et qui constituent une richesse illusoire pour ne garder que l’essentiel et ainsi allégé le plus possible le sac à dos seule possession permise sur un chemin qui ne peut être que de sagesse…Avec « ma maison sur le dos » il m’a fallu aussi me séparer de ce confort faussement sécurisant qui nous limite dans l’authenticité de notre expression.

Entre ciel et terre, entre zénith et nadir certes…mais aussi sur la neige en Aubrac!

Ainsi je me préparais, amputé du superflu, à cheminer entre ciel et terre, entre Zénith et Nadir traduisant l’universalité de la marche que je percevais alors intuitivement comme un mode de connaissance, un détour fructueux dans le déjà long cours de ma vie.

Curieusement, devant la perspective de cette marche, j’éprouvais une confiance inébranlable alors que jusqu’à ce jour j’avais été peu enclin à la randonnée et assez frileux devant les efforts physiques qu’engendraient les distances à parcourir mais quelque chose au fond de moi m’incitait à persévérer dans cette entreprise. Je me rappelais une phrase qui m’avait interpelé à la lecture d’un ouvrage intitulé « Les étoiles de Compostelle » écrit par un admirable Henri Vincenot et qui a certainement contribué à mettre en mouvement des hommes ordinaires évoluant dans un monde de plus bruyant : « On ne peut asservir l’homme qui marche ».

J’allais donc cheminer sur « la voie lactée « suivi en son temps par Charlemagne… »le Campus Stellae » et me diriger vers l’occident où le soleil se couche en disparaissant dans la mer au bout de la terre « finis terra » symbole de ce chemin de Compostelle qui tend vers l’au-delà de ce qui est terrestre, visible, tangible. En quelque sorte un éveil à ce monde intermédiaire qui nous rapproche de Dieu !

Je me suis donc mis en chemin et très rapidement j’ai pris conscience qu’au fil des kilomètres le chemin devient notre seul maître, il nous modèle à l’image d’un chemin ininterrompu où le contact avec la terre-mère » devient une évidence chaque jour un peu plus palpable…J’aime, dans ces moments de pérégrination, « écouter » le silence qui procure un sentiment aigu d’exister et qui me rapproche au plus près de « dame nature ». Dans ces instants privilégiés j’avais l’impression de me retrouver dans un « état second » propice à un dépouillement qui incite à faire le point, à prendre ses marques, à retrouver une unité intérieure favorable, si besoin est, à franchir le pas d’une décision difficile….

J’éprouvais aussi la sensation agréable de pouvoir côtoyer les quatre éléments indispensables à la vie et que nous avons un peu négligés voir malmenés parce que pris par les aléas de la vie quotidienne…. A savoir : la terre, l’eau, l’air et le feu…

Le pèlerin est en effet en prise directe avec le vent qui accélère sa marche ou en ralentit son rythme selon le bon vouloir d’Eole, roi des vents, génie bienfaisant ou redoutable mais de toute manière considéré comme manifestation de l’air, principe de toute vie…

Le cheminant est parfois confronté à la pluie qui rend souvent le chemin boueux et difficile nécessitant une attention soutenue pour ne pas chuter aidé en cela par notre bâton de pèlerin appelé « bourdon » devenu le principal attribut des pèlerins.

 Mais la pluie peut aussi être une douce complice qui vient fouetter délicieusement le visage incitant à l’éveil de ses sens et redonnant, quand il le faut, l’énergie régénératrice qui efface la fatigue sous-jacente accumulée par de longues journées de marche …. L’eau source de vie, moyen de purification et de régénérescence ne saurait manquer au pèlerin qui la bénit tout au long du chemin lorsqu’elle étanche sa soif. La nature a d’ailleurs, elle aussi, le besoin d’être purifiée par l’eau…

La Meseta: une contrée aride, une rude épreuve pour le pèlerin!

Sur le « Camino Francès » partie espagnole du chemin de Compostelle, le Pèlerin chemine entre Burgos et Léon sur une région géographique appelée « Meseta » Cette partie de chemin aride et désertique est particulièrement redoutée par le pèlerin car le soleil y est impitoyable en été et les endroits abrités sont quasi inexistants…Les chauds et brulants rayons de notre astre majeur   brûlent impitoyablement la peau du cheminant rappelant par là-même l’épreuve du feu….

Avec le soleil nous ne sommes jamais seuls d’autant qu’il nous projette une fidèle compagne qui sera pratiquement toujours avec nous : notre ombre. Cette dernière, qui nous précède jusqu’au moment où le soleil est au zénith, nous suit inexorablement jusqu’au terme de notre étape journalière….

Savoir que je mets mes pas dans les pas de milliers de pèlerins qui ont parcouru le chemin avant moi ne me laisse pas insensible et fortifie chaque jour un peu plus ma détermination à aller jusqu’au bout du chemin avec l’aide de Dieu qu’il m’arrive de prier secrètement afin qu’il me donne le courage de vaincre les obstacles et les intempéries…

Le pèlerin ne traverse pas une contrée, il s’en imprègne, la nature fait partie de lui et il éprouve un impératif besoin de partager ce qu’il ressent même si cette envie de partage est intériorisée et ne pourra se concrétiser qu’à l’arrivée de l’étape au sein du gite accueillant. Il retrouve l’unité du corps et du mental qui se fondent ensemble dans une unité retrouvée : « il est » Avec ces deux mots, « s’ouvre pour le pèlerin le vaste champ de l’activité spirituelle ».

Le pèlerin est alors réceptif et à chaque étape il perçoit de mieux en mieux ce que signifie l’appel du chemin…

La cruz de ferro

Entre Rabanal del Camino et Pontferrada, au sommet d’un col il découvre un immense tas de pierres en forme de cône portant en son milieu un tronc dépouillé de cinq mètres de hauteur parachevé d’une croix de fer dépourvue d’ornements. Nous sommes à la « Cruz de Ferro ». Il s’agit là d’un ouvrage collectif car les pierres sont empilées par des milliers de pèlerins depuis des temps immémoriaux et il est d’usage de déposer ici « sa pierre » portée depuis le départ. Ne peut-on reconnaître là un désir « d’apporter sa pierre à l’édifice » et ainsi de communier et communiquer avec les autres.

J’ai découvert sur le chemin de Compostelle un  espace de moments doux et chaleureux empreints d’amitié et de  fraternité, je dirais d’amour, qui nous font tant de bien et nous régénèrent utilement avant de retrouver un monde profane bruyant et le plus souvent ordinaire…Quelle joie aussi  de voir que sur ce chemin d’autres pèlerins passés avant nous ont eu une pensée pour leurs suivants en déposant par endroit de petites pierres signalant ainsi la route à suivre : ce sont des « mont-joie » de petits riens qui font un immense plaisir et qui contribuent à renforcer la fraternité compostellane !!!

La marche sur Compostelle c’est aussi une ouverture au monde qui invite à l’humilité et à la saisie avide de l’instant. Son éthique de la flânerie et de la curiosité en fait un outil idéal de formation personnelle, d’apprentissage par le corps et par la réflexion existentielle. La vulnérabilité du marcheur est une bonne incitation à la prudence et à l’ouverture à l’autre plutôt qu’à la conquête et au mépris. Il rappelle à l’homme à la fois sa fragilité et sa force.

La marche est une activité anthropologique par excellence car elle mobilise en permanence le souci de l’homme de comprendre, de saisir sa place dans un tissu du monde, de s’interroger sur ce qui fonde le lien aux autres. Enfin elle décentre de soi.

Le chemin de Compostelle c’est aussi découvrir et aller sur les traces d’un passé révolu mais qui ont marqué et marquent encore notre présent : le compagnonnage. Si on veut comprendre le présent, il me paraît indispensable de connaître le long cheminement qui a présidé à notre héritage religieux, culturel, architectural, en somme tout ce qui touche l’homme.

Tout au long du chemin notre esprit vagabonde vers le passé, vers nos bâtisseurs de cathédrales à qui nous devons toutes ces merveilles qui embellissent nos jours de pérégrination et nous font rêver à un passé déjà lointain où la valeur des choses s’appuyait sur la compétence, l’authentique, le culte du travail bien fait à la gloire de Dieu…

Il serait illusoire de vouloir citer d’une manière exhaustive toutes ces cathédrales, églises, hôpitaux de pèlerins découverts sur les quelques 1500 kilomètres de mon cheminement et qui m’évoque une citation de Simone Weil : « La Beauté c’est l’harmonie du hasard et du bien » car c’est effectivement grâce à mon engagement sur le chemin que j’ai approfondi, avec ma disponibilité d’esprit, ce que pouvait vouloir dire « beauté » et en mesurer toute l’ampleur….

Des traces superbes du passé: du roman au gothique tout est splendeur!

Tout au long du chemin la pureté de l’Art roman n’a d’égal que la majesté du gothique et ces témoins d’une ère révolue nous ramènent tout naturellement en pensée vers ces grands bâtisseurs réunis au sein d’un compagnonnage qui nous fait encore rêver aujourd’hui…Sur ce chemin tout est symbole il suffit simplement de prendre le temps et la disponibilité nécessaire à l’émerveillement.

Les compagnons du XIXème siècle effectuaient à pied leur tour de France avec un baluchon accroché à un bâton. L’itinérant savait pouvoir trouver un gite et le couvert pour quelques jours ou quelques mois que les corporations de métier avaient choisi. Tout comme l’hospitalier est à l’écoute du pèlerin, la mère aubergiste veille sur l’apprenti tandis qu’il affine sa connaissance des techniques locales qui lui permettront plus tard d’être un maître dans son métier. Ce périple visait aussi à former l’homme, à l’initié à la complexité et à la diversité des régions en lui apprenant par son corps même la sensorialité et le sens du monde. Long rite de passage, le tour accouchait d’un homme nouveau, dépouillé de son ancienne juvénilité, capable à son tour d’ouvrir sa boutique et de fonder une famille

De nos jours le pèlerin ne ressemble t-il pas au compagnon d’autrefois ? La pérégrination, lorsqu’elle est envisagée en tant que démarche spirituelle, n’a-t-elle pas pour objectif de tuer le vieil homme pour qu’émerge un homme nouveau ?

Le pèlerin rejoint le compagnon d’antan avec le balluchon sur le dos…

Compagnon et pèlerin cheminent l’un et l’autre avec un bâton et un baluchon à la recherche d’une connaissance qui fait murir et devrait conduire vers lasagesse. Cette dernière, associée à la volonté nécessaire à l’achèvement de son parcours qui nécessite une force morale et physique et baignant profondément au sein d’une nature qui n’est que beauté, le pèlerin est en situation pour s’épanouir et se révéler à lui-même….

Démuni de tout artifice, confronté à l’insécurité du chemin et à l’interrogation du lendemain, baignant dans une chaude et douce ambiance que seule la nature peut lui apporter, le pèlerin s’élève vers ce monde intermédiaire qui le rapproche du créateur même si le chemin qui mène vers lui est encore loin. La marche est confrontation à l’élémentaire, elle est tellurique, elle est immersion dans l’espace. En le soumettant à la nudité du monde, elle sollicite en l’homme un sentiment du sacré. Il est alors en capacité d’aimer, de fraterniser, il n’est pas loin d’appréhender l’égrégore propice à l’élévation de l’âme. L’autre n’est plus un concurrent, un rival, l’enfer n’existe plus même pavé de bonnes intentions, la fraternité vraie peut s’exprimer ! Le chemin de Compostelle c’est cela : une vraie fraternité d’entraide, de respect, d’amour….

Je suis donc près du but, je vais découvrir cette superbe cathédrale dont j’ai si souvent rêvé…. Curieusement à la perspective d’arriver enfin au but mon corps se relâche, je perds brutalement l’énergie qui fut mienne durant ces deux mois de pérégrination et mon rythme de marche est alors considérablement ralenti comme si je voulais prolonger indéfiniment ces moments de pleine sérénité et de spiritualité vécus tout au long de cette marche devenue, au fil des pas, démarche…. J’ai conscience que cet espace privilégié de liberté touche à sa fin et qu’il va me falloir retrouver une  vie ordinaire faite  de matérialité, de compétitivité et de relations plus intéressées….j’ai peine, en effet, à envisager la fin de ce cheminement car j’ai conscience que « jamais je n’ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi », (si j’ose m’exprimer ainsi en reprenant les écrits de Jean-Jacques ROUSSEAU puisés dans « Ses pensées ») , que sur ce chemin que je pense pouvoir définir comme un « chemin de vérité ». Ce moment de suspension du temps où s’ouvre un passage octroyant à l’homme la possibilité de retrouver sa place, de gagner la paix en faisant provision de sens et de force intérieure ne sera plus bientôt qu’un beau souvenir…. Je prends la vive conscience que ce n’est pas l’homme qui fait le chemin mais que c’est le chemin qui fait l’homme !

La fin d’une pérégrination…et le début d’une autre vie!

 Encore quelques pas dans les vieilles rues de Santiago parcourus avec une tension extrême et une envie à peine voilée de faire durer quelques instants de plus cette pérégrination…  J’y suis, je découvre avec une émotion enfantine non dissimulée la place de l’Obradoiro et son imposante cathédrale à la façade baroque. Je retrouve aussi de nombreux visages de pèlerins perdus, retrouvés et reperdus au hasard du chemin. On se connaît à peine mais peu importe : on s’embrasse, on s’enlace, on rit, on pleure, le bonheur est à son comble : la fraternité n’a jamais été aussi présente dans son dépouillement et son authenticité….

Les cloches de la cathédrale carillonnent, je n’avais jamais perçu combien elles peuvent être joyeuses et annonciatrices d’une vie qui ne sera plus jamais comme avant. Elles semblent marquer pour moi le départ d’une vie nouvelle, non ce n’est pas une fin mais un commencement : le vieil homme est mort et fait place à un homme neuf qui prend en compte tout ce potentiel acquis dans l’effort mais également dans et avec l’amour des autres plus que jamais présents près et autour de moi et sans lesquels je prends conscience que je ne serais rien.

Les chemins de Compostelle sont aujourd’hui parcourus par des milliers de pèlerins non plus dans l’affirmation ostentatoire de la foi mais dans une quête personnelle de spiritualité. Les chemins de foi d’antan deviennent des chemins de connaissance qui rappellent la signification et le prix des choses, nous les parcourons aussi par fidélité à l’histoire, Les chemins de vérité cèdent la place à des chemins du sens, chaque pèlerin étant invité à y mettre un contenu personnel dans le cadre d’une démarche qui lui est propre.

S’engager sur le « Camino » c’est se dégager d’une vie « existentielle » pour accéder à la vie essentielle qui contribue à l’épanouissement de la liberté nous permettant ainsi de retrouver la communion avec notre milieu de vie. Si l’homme veut gagner en liberté il doit s’harmoniser avec les lois universelles, c’est pour cela que l’évangéliste Jean présente le pêché comme un esclavage. La démarche pèlerine devrait s’accorder sur ces préceptes et s’avérer apte à déboucher sur une démarche axée sur la spiritualité.

Voilà c’est fini, il me faut, après une provision de sens et de force intérieure, retrouver le vacarme du monde et ses soucis quotidiens…. Je vais revoir ma famille, mes amis, mon cadre de vie habituel. Malgré les soins attentifs qui vont mettre prodigués après une si longue absence je perçois que la transition va être rude et je mesure combien j’aurai besoin d’être entouré pour que je puisse sauvegarder et garder au fond de moi-même la fraternité et l’amour si présents dans la démarche pèlerine si l’on sait garder au cœur la simplicité qui engendre l’humilité et sans laquelle il n’y peut y avoir le vrai respect de la vie.

Pourquoi et qui s’engage sur le chemin ?

Pour les jeunes, à l’aube de la vie, ils viennent faire le point avant de se lancer dans une activité professionnelle. Ils viennent pour « passer du monde de l’enfance, de ses rêves et de ses contes et légendes, à la vie d’adulte. Ils sentent, souvent de façon intuitive, que cette expérience sera un pont permanent entre les deux et va leur apporter un ensemble de valeurs pour la vie future, en totale adéquation avec leurs espérances. Certains sont aussi poussés par leur foi, alors que d’autres fuient un monde dont ils ne veulent plus !

Pour les anciens, l’heure des comptes se rapproche et la vie dite active terminée, un trait est tiré ! Là aussi, il faut « passer » à autre chose et pouvoir vivre le « tiers temps » selon les fondamentaux traditionnels connus, mais pas toujours vécus. Cette volonté de s’améliorer est inconsciemment une préparation à la dernière échéance. Le chemin est le « lavage » de tout ce qui a souillé l’idéal, première étape de la remise à neuf nécessaire.

Pour certains d’entre eux s’ajoute la réalisation d’une promesse faite d’accomplir le chemin à un moment difficile de leur vie. Pour d’autres ce sera une pénitence ou une action de grâce en remerciement d’un vœu réalisé. Mais pour tous, le chemin est aussi une « aventure » que l’on espère, un moment où l’on devra se remettre en question de dépasser ses limites habituelles.

Pierre Catoire