LE CAVALIER VICTORIEUX

Lors de notre odyssée romane de l’été 2011 en terre de Poitou et Saintonge nous avons fait un arrêt à l’église de Parthenay-le-Vieux. Cette église Saint-Pierre est mentionnée pour la première fois dans les textes en 1092. Elle a été donnée par les seigneurs Ebbon et Gelduin de Parthenay à l’abbaye auvergnate de la Chaise-Dieu (Auvergne). Elle présente un plan en croix latine, avec une nef centrale et des collatéraux, un chœur à trois absides et un clocher octogonal sur la croisée. Elle conserve encore sa façade à trois portails richement sculptés.

Un prieuré est alors fondé. C’est là que vivait Aiméry PICAUD connu comme l’auteur du guide du pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il aurait rédigé ce recueil dans les années1130-1140. Aiméry est mentionné dans une lettre du pape Innocent II, qui le désigne comme un moine du prieuré Saint-Pierre de Parthenay-le-Vieux. Ce guide donne aux pèlerins des conseils pratiques pour leur pieux voyage, leur indique les sanctuaires où ils doivent s’arrêter pour vénérer les reliques des saints, et décrit la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Plus tard, l’on retrouvera Aiméry PICAUD (alias Olivier d’Asquins) comme chapelain, à Asquins, village situé au pied de la colline éternelle de Vézelay où il aurait installé un abri pour pèlerins. Asquins était alors le principal lieu de rassemblement des pèlerins en partance pour Compostelle.

Mais ce qui a surtout attiré notre attention sur cette façade occidentale de Parthenay-le-Vieux, c’est la présence de ce cavalier dont le cheval écrase de sa patte antérieure un petit être terrifié. Ce « Cavalier Victorieux » tel qu’on le dénomme (principalement) en Poitou-Charentes, est un grand classique dans le répertoire de la statuaire romane. Il est célèbre pour les controverses qu’il a suscitées chez les historiens de l’art. Il n’est pas sans rappeler les représentations de St-Georges et le dragon ou de St-Jacques Matamores, mais l’absence de toute agressivité de la part du cavalier, ainsi que l’apparente docilité du personnage foulé aux pieds du cheval, ont laissé perplexes les savants.

Eglise Saint Pierre de Parhenay le Vieux 79

Certains ont cru y voir Charlemagne, d’autres le Christ écrasant l’Ancienne Loi, d’autres encore l’Empereur Constantin triomphant du paganisme. Quoi qu’il en soit, ce cavalier est loin d’être unique : des figures équestres homologues se trouvent de part de d’autre dans la région Poitou-Charentes, notamment le plus connu à Melle (79).

 

Eglise Saint Hilaire MELLE 79

Cette statue a été très restaurée et modifiée au XIXe siècle. Des vestiges de la sculpture retrouvée en 1984, les archives ainsi que les relevés, laissent entendre qu’il pourrait s’agir d’un seigneur local du nom de Constantin qui se serait proclamé « défenseur de l’Église » et « protecteur de la population ».

Celui de Parthenay-le-Vieux, moins rongé par le temps, chevauche au petit galop, le manteau au vent, et porte en plus un faucon au poing. Il relève plus visiblement de l’art hispano-arabe que ses homologues dans la région, mais le sens de cette scène n’en est pas pour autant plus facile à saisir.

Il est bien connu que les représentations sculptées ou peintes d’un cavalier victorieux ont retenu depuis toujours l’attention des archéologues et des historiens de l’art spécialisés dans l’étude de l’art roman. Elles ont provoqué une littérature abondante particulièrement en France, mais aussi en Espagne. Du côté français des Pyrénées, leur interprétation sous le nom de l’empereur Constantin Ier, libérateur de l’Eglise chrétienne et, par voie de conséquence, vainqueur du paganisme, a bénéficié d’une grande faveur surtout depuis les beaux travaux d’Emile Mâle. Elle s’appuie sur des arguments non négligeables même si certains prêtent à discussion. Du côté espagnol, une autre interprétation fondée, elle aussi, sur des arguments dont certains sont hors de toute discussion propose Saint Jacques le Majeur vainqueur de l’Islam et, par conséquent, lui aussi, libérateur de l’Eglise chrétienne, ne serait-ce que pour la péninsule ibérique.

Ces deux interprétations sont peut-être justes. Car c’est ici déjà que s’entrouvre la porte aux interprétations les plus diverses. Le paganisme, l’arianisme, l’erreur, on a à peu près tout dit et rien prouvé parce qu’on ne sait pas très bien qui est le vainqueur. Mais il serait préférable de faire confiance aux nombreux témoignages que les imagiers du XIIème siècle nous ont transmis dans la pierre plutôt qu’à ceux qui reconstruisent leurs intentions à travers des théories dérivées des élaborations mentales et plastiques propres à l’homme du XXIème siècle.

En ce qui nous concerne, nous pensons que l’explication des « statues équestres du Poitou » se trouve en Bourgogne, dans la cathédrale Saint Lazare d’Autun. Le cavalier victorieux n’est plus sur la façade occidentale (ou septentrionale comme à Melle) mais figure sur un chapiteau du chœur.

 

Cathédrale Saint Lazare AUTIN  71

Le cavalier, vraisemblablement un chevalier, dirige son cheval d’une seule main, montrant ainsi une maîtrise apparente de l’animal qui symbolise ici les instincts de l’homme, comme dans toutes les représentations animales propres à l’art roman.

Le cavalier n’exerce plus une attention soutenue sur sa monture qu’il pense avoir dominée. Le cheval, quant à lui, tourne la tête pour vérifier si le cavalier lui prête toujours attention à ce qu’il est en train de faire. Par ailleurs, nous voyons qu’il a posé un sabot sur la tête d’un petit homme recroquevillé, terrorisé sans doute. Or, nous savons que le cheval est le symbole de l’instinct il devient alors aisé de comprendre que le petit personnage menacé d’être détruit, représente cette partie spirituelle encore faible et fragile que l’homme de la chute, en train de se régénérer, « l’homme nouveau », avait pour but de développer en lui. Ses passions, nées de l’instinct du vieil homme, vont malheureusement, une fois de plus, ruiner cette espérance.

Nous avons donc trois éléments : le cavalier qui ne surveille plus sa monture, un cheval, qui lui, en revanche, surveille son cavalier et un petit personnage menacé d’être anéanti. Ces trois figurants sont bien évidemment trois aspects du même homme. Et ainsi, sur un seul chapiteau se trouve résumé tout un drame que chacun peut se souvenir d’avoir vécu, ou redouter de vivre.

Car le petit personnage écrasé représente cette étincelle de divin qui luit en chacun de nous tel que le décrit Jean dans son prologue  » La vraie Lumière était celle qui éclaire tout homme venant en ce monde. » Malheureusement Jean nous a aussi prévenu :  » Et la Lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie« .

Combien de temps laisserons-nous encore notre cheval écraser l’Être ?

Gilbert BUECHER

 

UN PESSIMISME BIEN ANCRE!

Quelle sera la suite donnée à cette mobilisation?

Chaque jour amène son lot de déceptions…Qu’il s’agisse du monde politique, professionnel, sociétal ou associatif rien ne correspond à ce que l’on serait en droit d’attendre d’un monde dit « évolué » ….

Lors de l’élection présidentielle de 2017 je reconnais  avoir été séduit par Emmanuel MACRON parce qu’il représentait un espoir de gestion différente de notre pays et qu’il permettait le renouvellement d’une classe politique usée et bien corrompue… Je m’aperçois aujourd’hui que les mêmes travers, que nous avons connu chez les prédécesseurs, réapparaissent : rivalités, besoin de se mettre en exergue, gaspillage à tout va… sachant que toutes les décisions prises ne touchent pas leur portefeuille…. nomination des « copains » sans toujours tenir compte des compétences… On parle aujourd’hui de réduire les impôts alors qu’on les a sensiblement augmentés par le jeu de la CSG…. Tout est tromperie dans ce monde hypocrite et sans scrupules !

Me serais-je trompé?

Dans le monde des affaires on poursuit comme par le passé à arroser généreusement les grands patrons qui partent à la retraite avec des sommes extravagantes qui pourraient servir à augmenter le pouvoir d’achat des plus démunis…. Bien évidemment il faudrait le courage politique qui fait défaut pour revoir un système qui n’a que trop duré !

Comment voulez-vous qu’il n’y ait pas un vent de révolte et de frustration quand beaucoup n’ont même pas le minimum pour vivre décemment ?

Au niveau de la société française la sécurité des individus est de plus en plus précaire, notre pays est devenu une véritable passoire faute à un contrôle laxiste au niveau de ses frontières…. Progressivement nous perdons les valeurs qui ont fait de notre pays un exemple de cohésion sociale et du respect des droits de l’homme qui ne peuvent être véritablement mis en exergue que dans un contexte serein….

On pourrait pu penser que le milieu associatif est un antidote aux frustrations et ressentis que je viens d’évoquer et qui affectent toutes les couches de notre population, détrompez-vous ! Les rivalités, les ambitions les égos sont omni présents chez beaucoup d’individus qui pensent qu’ils vont satisfaire leur soif de pouvoir surtout s’ils n’ont pu se réaliser dans leur secteur professionnel…. Plus encore qu’ailleurs beaucoup de « Kalife veulent remplacer le kalife » ce qui crée le plus souvent des conflits insupportables dont les structures éprouvent beaucoup de difficultés à s’en remettre….

Ce constat est effectivement pessimiste me direz-vous ? Il est certain que le tableau que je viens de brosser n’incite pas à voir positivement l’évolution de notre société…. Pourquoi en es-t-on arrivé là ? Que manque-t-il et que faut-il faire pour que notre devise républicaine : « Liberté-Egalité-Fraternité » retrouve ses lettres de noblesse ?

J’avoue être quelque peu désarmé devant la situation présente mais je vais néanmoins tenter une petite et modeste approche, une petite lumière dans nos ténèbres bien encombrés : réhabilitons la cellule familiale et reconsidérons la religion comme un terrain de réflexion et de méditation débouchant sur des notions de fraternité, d’amour et d’humilité….

Le « matériel » est désormais l’élément moteur qui envahit nos vies et chacune de nos actions est liée au besoin de consommer…. On a perdu en grande partie le goût de travailler…. La cellule familiale qui était un rempart à l’isolement, à l’insécurité et qui permettait l’éclosion de l’affection réciproque est mise à mal et ne permet plus cette dose d’intimité chaleureuse indispensable à chacun pour son épanouissement personnel dont il savait faire profiter son entourage !

Les nouveaux saints!

Au risque d’apparaître à contrecourant je considère que  la religion, quelle qu’elle soit, même si elle est très imparfaite dans son application, servait de catalyseur pour beaucoup et permettait une forme d’élévation spirituelle limitant ainsi le « tout matériel ». Aujourd’hui les saints sont remplacés par les vedettes du show-biz et de la télévision car l’homme est ainsi fait qu’il a besoin d’idoles à admirer et les organes d’informations, quels qu’ils soient, ne se privent pas pour les satisfaire pleinement…. Même la Franc-Maçonnerie qui a pour ambition d’amener l’homme à s’élever spirituellement a beaucoup de difficultés pour mener à bien sa mission, perturbée qu’elle est par certains « frères » venant avant tout pour récupérer des carnets d’adresses susceptibles de conforter leur activité professionnelle….

Si on veut être « raisonnable » on dit qu’il faut laisser du temps au temps pour rectifier tous ces travers mais l’impatience grandit tout particulièrement dans la classe laborieuse qui a souvent bien des difficultés pour « joindre les deux bouts » reprenant ainsi une expression populaire…A ce sujet les « gilets jaunes » me semblent être un mouvement revendicatif « rafraichissant » qui, malheureusement, a été pollué par des casseurs qu’on aurait peut-être pu davantage maîtriser…. Encore fallait-il en avoir envie !

On prend conscience que rien ne change ou si peu et on peut effectivement se poser beaucoup de questions sur l’héritage et sur le monde que nous allons laisser à nos enfants surtout au moment où notre planète mal traitée se réchauffe ce qui engendre un déséquilibre inquiétant…. La faune et la flore sont elles aussi prisonnières des intérêts économiques qui priment sur tout et qui voient des espèces disparaître chaque jour un peu plus….

Le premier des prédateurs pour l’homme c’est indéniablement  l’homme avec ses extravagances, ses ambitions démesurées, son désir de domination qui lui font adopter des positionnements irresponsables qui le condamnent à terme !

 Avons-nous encore le temps de réagir ?

Pierre CATOIRE

 

 

LA CHANDELEUR

La chandeleur que nous célébrons en ce début de février a une origine latine et celte. La festa candelarum ou fête des chandelles consiste à allumer des cierges à minuit en symbole de purification. Chez les Celtes, on fêtait Imbolc le 1er février. Ce rite en l’honneur de la déesse Brigid (ou Brigitte en français, dont on célébrait la fête le 1er février ; avant Vatican II), commémorait la purification et la fertilité au sortir de l’hiver. Les paysans portaient des flambeaux et par-couraient les champs en procession, priant la déesse de purifier la terre avant les semailles.


Longtemps en Europe l’on associait la sortie de l’hiver à l’ours. Car l’ours fut l’objet d’un culte qui s’étendit de l’Anti-quité jusqu’au coeur du Moyen-Âge. Les peuples germains, scandinaves, et Celtes, célébraient la sortie d’hibernation de l’ours vers la fin du mois de janvier ou le tout début du mois de février. Il s’agissait du moment où l’ours sortait de sa tanière pour voir si le temps était clément. Cette fête était caractérisée par des déguisements ou travestissements en ours, et des simulacres d’enlèvements de jeunes filles.

La présentation de Jésus au temple


Puis, l’Église institua la Fête de la Présentation de Jésus au Temple qui est célébrée le 2 février. Cette fête a un double objet, célébrer la Purification de Marie et la Présentation de Jésus au Temple selon la loi de Moïse. Cette loi fixait le temps où les mères devaient se présenter avec leurs nouveau-nés devant les autels, et elle exigeait une offrande pour le rachat des enfants mâles. Ni Marie, toute pure dans sa maternité, ni Jésus, Fils de Dieu, n’étaient obligés à cette cérémonie; cependant par humilité, et pour donner aux hommes un éclatant exemple d’obéissance aux lois divines, Marie, accompagnée de Joseph et portant Jésus en Ses bras, Se rendit au Temple de Jérusalem.


Cependant, les célébrations de l’ours et du retour de la lumière continuaient lors de feux de joie et autres pro-cessions de flambeaux. Le pape Gélase 1er institua donc au Ve siècle la fête des chandelles.


Du XIIe au XVIIIe siècle, la chandeleur fut appelée « chandelours » dans de nombreuses régions françaises où le souvenir du culte de l’ours (il symbolise la puissance, le renouveau et la royauté) était encore très présent. Le calendrier grégorien fixa la chandeleur au 2 février et la Sainte-Brigitte au 1er février (avant Vatican II). Il y a également la Saint-Ours d’Aoste, la Saint-Blaise (qui signifie « ours »). De plus la chandeleur est l’ouverture de la période carnavalesque ; or l’ours est l’animal carnavalesque par excellence.


Reste que la « festa candelarum » à Rome commémorait la recher-che de la Déesse de la Lumière Perséphone puis fêtait le retour de cette Lumière au milieu de l’hiver. Février par ailleurs tire son nom de « februar »: purifications (depuis l’Antiquité). Le christianisme a donc placé la fête de la Purification de la Vierge à ce moment. La purification dont il s’agit est celle de la sortie de la « ténèbre hiver-nale ».


Car la chandeleur a été placée 40 jours après le solstice d’hiver. Ce nombre quarante est depuis l’origine des temps un nombre sym-bolique aux multiples applications. (40 jours de Jésus au désert, 40 jours et 40 nuits de déluge, 40 ans de traversée du désert, etc.). Que se passe-t-il donc au solstice d’hiver ? Noël (en grec : néo hé-lios, nouvelle lumière), c’est la naissance d’un nouveau soleil, la nais-sance du Christ, nouvelle Lumière. 40 jours après cet événement, le soleil va se (re)mettre à féconder la terre. Les premières fleurs vont voir le jour : les perce-neige ; les oiseaux se remettent à chanter ; les légères pointes vertes de primevères commencent à percer le sol. La Lumière va jaillir pour cette fantastique symphonie du printemps qui débutera avec son extraordinaire lever de rideau du 20 mars.


C’est ainsi que la Sainte Rencontre se situe à cette sortie de l’hiver. Cette fête correspond à la présentation de Jésus au Temple et est relatée par Luc (2,22-38) C’est à l’occasion de l’accomplissement par les parents de Jésus du commandement « Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur » (Ex 13:2, 11-13) qu’aura lieu la ren-contre de Syméon avec l’enfant Jésus. Le vieillard Syméon aurait proclamé que Jésus était la lumière du monde. Syméon, le vieillard, c’est l’hiver qui va maintenant se retirer pour laisser la place au soleil né à Noël. « Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur S’en aller en paix, selon ta parole ». C’est certainement ce que l’on désire le plus. Vivre en paix avec soi même, avec les autres et poursuivre son chemin vers le Christ.


De nombreux proverbes sont également associés à la chandeleur. En voici quelques-uns :
À la chandeleur, l’hiver se meurt ou prend vigueur.
À la chandeleur, le jour croît de deux heures.
Si la chandelle est belle et claire, nous avons l’hiver derrière.
Chandeleur à ta porte, c’est la fin des feuilles mortes.

Comme pour la galette des rois, la crêpe est assimilée au disque solaire divinisé.

Gilbert BUECHER