LA CHANDELEUR

La chandeleur que nous célébrons en ce début de février a une origine latine et celte. La festa candelarum ou fête des chandelles consiste à allumer des cierges à minuit en symbole de purification. Chez les Celtes, on fêtait Imbolc le 1er février. Ce rite en l’honneur de la déesse Brigid (ou Brigitte en français, dont on célébrait la fête le 1er février ; avant Vatican II), commémorait la purification et la fertilité au sortir de l’hiver. Les paysans portaient des flambeaux et par-couraient les champs en procession, priant la déesse de purifier la terre avant les semailles.


Longtemps en Europe l’on associait la sortie de l’hiver à l’ours. Car l’ours fut l’objet d’un culte qui s’étendit de l’Anti-quité jusqu’au coeur du Moyen-Âge. Les peuples germains, scandinaves, et Celtes, célébraient la sortie d’hibernation de l’ours vers la fin du mois de janvier ou le tout début du mois de février. Il s’agissait du moment où l’ours sortait de sa tanière pour voir si le temps était clément. Cette fête était caractérisée par des déguisements ou travestissements en ours, et des simulacres d’enlèvements de jeunes filles.

La présentation de Jésus au temple


Puis, l’Église institua la Fête de la Présentation de Jésus au Temple qui est célébrée le 2 février. Cette fête a un double objet, célébrer la Purification de Marie et la Présentation de Jésus au Temple selon la loi de Moïse. Cette loi fixait le temps où les mères devaient se présenter avec leurs nouveau-nés devant les autels, et elle exigeait une offrande pour le rachat des enfants mâles. Ni Marie, toute pure dans sa maternité, ni Jésus, Fils de Dieu, n’étaient obligés à cette cérémonie; cependant par humilité, et pour donner aux hommes un éclatant exemple d’obéissance aux lois divines, Marie, accompagnée de Joseph et portant Jésus en Ses bras, Se rendit au Temple de Jérusalem.


Cependant, les célébrations de l’ours et du retour de la lumière continuaient lors de feux de joie et autres pro-cessions de flambeaux. Le pape Gélase 1er institua donc au Ve siècle la fête des chandelles.


Du XIIe au XVIIIe siècle, la chandeleur fut appelée « chandelours » dans de nombreuses régions françaises où le souvenir du culte de l’ours (il symbolise la puissance, le renouveau et la royauté) était encore très présent. Le calendrier grégorien fixa la chandeleur au 2 février et la Sainte-Brigitte au 1er février (avant Vatican II). Il y a également la Saint-Ours d’Aoste, la Saint-Blaise (qui signifie « ours »). De plus la chandeleur est l’ouverture de la période carnavalesque ; or l’ours est l’animal carnavalesque par excellence.


Reste que la « festa candelarum » à Rome commémorait la recher-che de la Déesse de la Lumière Perséphone puis fêtait le retour de cette Lumière au milieu de l’hiver. Février par ailleurs tire son nom de « februar »: purifications (depuis l’Antiquité). Le christianisme a donc placé la fête de la Purification de la Vierge à ce moment. La purification dont il s’agit est celle de la sortie de la « ténèbre hiver-nale ».


Car la chandeleur a été placée 40 jours après le solstice d’hiver. Ce nombre quarante est depuis l’origine des temps un nombre sym-bolique aux multiples applications. (40 jours de Jésus au désert, 40 jours et 40 nuits de déluge, 40 ans de traversée du désert, etc.). Que se passe-t-il donc au solstice d’hiver ? Noël (en grec : néo hé-lios, nouvelle lumière), c’est la naissance d’un nouveau soleil, la nais-sance du Christ, nouvelle Lumière. 40 jours après cet événement, le soleil va se (re)mettre à féconder la terre. Les premières fleurs vont voir le jour : les perce-neige ; les oiseaux se remettent à chanter ; les légères pointes vertes de primevères commencent à percer le sol. La Lumière va jaillir pour cette fantastique symphonie du printemps qui débutera avec son extraordinaire lever de rideau du 20 mars.


C’est ainsi que la Sainte Rencontre se situe à cette sortie de l’hiver. Cette fête correspond à la présentation de Jésus au Temple et est relatée par Luc (2,22-38) C’est à l’occasion de l’accomplissement par les parents de Jésus du commandement « Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur » (Ex 13:2, 11-13) qu’aura lieu la ren-contre de Syméon avec l’enfant Jésus. Le vieillard Syméon aurait proclamé que Jésus était la lumière du monde. Syméon, le vieillard, c’est l’hiver qui va maintenant se retirer pour laisser la place au soleil né à Noël. « Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur S’en aller en paix, selon ta parole ». C’est certainement ce que l’on désire le plus. Vivre en paix avec soi même, avec les autres et poursuivre son chemin vers le Christ.


De nombreux proverbes sont également associés à la chandeleur. En voici quelques-uns :
À la chandeleur, l’hiver se meurt ou prend vigueur.
À la chandeleur, le jour croît de deux heures.
Si la chandelle est belle et claire, nous avons l’hiver derrière.
Chandeleur à ta porte, c’est la fin des feuilles mortes.

Comme pour la galette des rois, la crêpe est assimilée au disque solaire divinisé.

Gilbert BUECHER

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