VERS LA FIN DE LA DEMAGOGIE POLITIQUE ?

C’est tout à fait ça!

     A entendre les médias une forte proportion de français serait hostile à la réforme des retraites telle que la propose le gouvernement… On ne fait parler à la télévision que les opposants (j’ose dire « les grandes gueules ») sans prendre le temps de tenter d’interviewer tous les français qui hésitent à s’exprimer ou qui peuvent avoir un avis différent !

     On se rend compte aussi que la SNCF et la RATP sont au ralenti à cause des conducteurs grévistes alors qu’une grande majorité des employés de ces deux entreprises publiques sont à leur poste de travail. Un service minimum avait été instauré sous la présidence de Sarkozy pour éviter la paralysie de ces transports qui pénalise fortement la population et nuit à l’économie de notre pays…. Il semblerait que cette disposition n’ait pas appliquée, pourquoi ?

     La réforme des retraites me semble nécessaire…. Certains syndicats, « un peu sur la touche », ont surtout voulu réapparaître au grand jour à l’occasion de cette réforme en affirmant que les salariés allaient être pénalisés financièrement avec le nouveau mode de calcul sans pour autant en démontrer le bien-fondé. Chacun sait aussi que ces syndicats jusqu’au-boutiste et à forte teneur verbale ne représentent en somme que peu d’adhérents en comparaison des autres pays européens beaucoup plus axés sur la défense corporative que sur l’action politique… De ce fait leur crédibilité n’a jamais atteint de grands sommets !

     Les régimes spéciaux que le gouvernement veut faire disparaître ont été créés le plus souvent pour maintenir la paix au sein de catégories agissantes et revendicatives devenues groupes de pression ce qui permettait aux régimes politiques en place de se maintenir au pouvoir … on appelait cela « des avancées sociales » qui, hélas, amplifiaient   les inégalités entre les travailleurs !

     Il y a beaucoup à dire aussi sur la durée hebdomadaire du temps de travail puisque l’on constate des disparités évidentes entre les 31 heures de certaines catégories de salariés, le plus souvent fonctionnaires, et d’autres cantonnés au 35 heures ! (A ce sujet on se rappellera avec intérêt notre ancien Premier Ministre Edouard Balladur qui n’hésita pas à réduire le temps de travail des fonctionnaires qui passaient alors de 40 à 37 heures sans qu’il en soit de même avec les salariés du privé…ce qui constituait alors une grande et véritable injustice !)

     Est-il normal que le montant des retraites s’appuie sur la rémunération des six derniers mois chez les fonctionnaires alors que dans le secteur privé le calcul est basé sur les vingt dernières années avec des années de référence ? De plus il est d’un usage courant, dans la fonction publique, d’accorder des promotions quelques mois avant le départ du salarié de manière à conforter sa rente ! Ça ne coûte pas cher …sauf à nos impôts !

     Il est vrai aussi que nos représentants politiques ont toujours tendance à avoir beaucoup de générosité dans la mesure où ils gèrent l’argent publique sans avoir à mettre la main à leur portefeuille !

Et oui ils ne doivent pas être épargnés!

   « L’exemple est la meilleure des instructions » m’a-t-on appris lors de mon service militaire (sans pour autant qu’il soit toujours mis en œuvre !) Cette citation ne devrait-elle pas s’appliquer justement aux régimes des retraites de nos parlementaires, sénateurs, anciens présidents et hommes politiques ? Curieusement rien n’est évoqué à ce sujet ce qui eut pu avoir un impact positif sur les français indécis !

     Malgré les nombreuses critiques émises en direction d’Emmanuel MACRON il faut bien reconnaître son courage à mener des réformes impopulaires mais indispensables que n’avaient osé aucun de ses prédécesseurs…. Il est dommage que le choix de son entourage n’ait pas toujours été judicieux et que de nombreuses affaires liées essentiellement à un manque de probité entachent ses louables actions…

     Espérons qu’à l’avenir notre président sache mieux discerner ses collaborateurs car il y a là un véritable problème qui le handicape fortement…. Cet état de fait n’est pas nouveau dans le cadre politique, ses prédécesseurs ayant eu, eux aussi, à subir ce genre d’épreuves, plus rarement certes, car les réseaux sociaux et la presse d’investigation n’étaient pas développées comme ils le sont aujourd’hui….

     Le discrédit de la classe politique est une véritable bombe à retardement car elle entache l’avenir serein de notre démocratie et freine le bon développement de notre pays qui a besoin de toutes ses forces vives pour lutter efficacement au sein du concert international qui ne pardonne rien !

Sommes-nous capables de relever le défi ?

 

Pierre Catoire

 

 

LES ELECTIONS MUNICIPALES EN LIGNE DE MIRE…

Qui sera votre prochain maire?

En Mars prochain les françaises et les français s’acquitteront de leur devoir civique en élisant le Maire et le Conseil Municipal de leur commune…
Ce scrutin semble être celui qui est le plus motivant et qui limite le mieux l’abstention de plus en plus évidente lorsqu’il s’agit de se rendre aux urnes. Cette constatation est particulièrement significative car la commune dans laquelle évolue nos concitoyens est synonyme de proximité dont ils ont indéniablement besoin….
Le choix d’un maire n’est pas toujours simple car il faut du discernement à l’électeur pour se projeter sur l’action qu’il impulsera pour faire de sa commune un havre de sérénité, de sécurité, de dialogue, de propreté et d’action sociale bénéficiant à l’ensemble de sa population…Car, effectivement, il y a les promesses et les actes !
Les premières questions à se poser sont évidentes : « Quelle motivation pousse le candidat à se présenter ? Aura-t-il la disponibilité nécessaire pour mener à bien son action ? Sa candidature est -elle liée à un désir d’aller « plus loin » sur le plan politique et d’apparaître ? Les ambitions et les égos sont très souvent présents dans les actes de candidature, il faut en être conscient et savoir jusqu’à quel niveau ils sont compatibles avec l’efficacité que l’on recherche au sein de l’action municipale qui nécessite des qualités de management, de disponibilité et d’écoute ! Une honnêteté intellectuelle m’apparaît être essentielle ce qui n’est pas, hélas, toujours le cas chez un certain nombre d’élus ou de postulants.
On constate aujourd’hui une certaine désaffection pour la gestion communale et bon nombre de maires ont décidé de ne pas se représenter devant les électeurs (un sondage indique que 1 maire sur 2 ne se représente pas ce qui est inédit depuis la mise en place de la Vème République).
Avec un peu de réflexion on peut comprendre ce recul…. Si on réfléchit aux responsabilités qu’ils endossent dans bon nombre de domaines et qui les exposent constamment à la vindicte populaire et à la stricte législation qui ne leur font pas de cadeau en terme de tolérance, on peut comprendre leur hésitation !
Si on ajoute que la mise en place des communautés de communes limite leurs prérogatives sans qu’ils puissent, le plus souvent, influer sur le fonctionnement de celles-ci, on comprend leur désir de prendre du recul aujourd’hui !
Malgré le constat de ces difficultés je reste convaincu qu’une belle place reste disponible pour celles et ceux qui ont au cœur cette générosité dont on a tant besoin aujourd’hui et qui ajoute à cette disposition le désir de « servir les autres » avec désintéressement et opiniâtreté… Pour moi la place du Premier Magistrat communal, même si elle est perçue comme la plus ingrate dans la hiérarchie politique, apparait être le plus beau des mandats car le maire ou la mairesse a la possibilité d’être en prise directe avec la vie de ses administrés s’il s’avère être un homme ou une femme de dialogue et d’écoute bien plus que ne peut l’être un Conseiller Général, un Député ou un sénateur plus éloigné de la base !
J’ai une admiration toute particulière pour les maires de petites communes qui, avec une logistique réduite, savent se rendre disponibles parallèlement à leur activité professionnelle ou familiale en comparaison des cités plus importantes qui permettent au premier magistrat de pouvoir compter sur un personnel qui lui offre un allégement certain, évitant par là-même un trop grand empiétement sur sa vie personnelle !
Les 15 et 22 mars prochains nous élirons « notre maire » ! C’est le moment pour chacun de faire le bilan de l’action de la municipalité sortante et de son maire : A-t-il répondu à notre attente ? A-t-il su manager avec efficacité son équipe municipale ? A-t-il été présent au moment où la commune avait besoin de son concours ? A-t-il été disponible et ouvert au dialogue ? Ses promesses de campagne de 2014 ont-elles été tenues ? Finalement la seule question à laquelle il faut répondre : Etes-vous satisfait de son bilan ?
Il appartient à chacune et chacun de tirer ses propres conclusions et de voter en toute connaissance pour celle ou celui qui incarne le mieux des qualités de cœur, d’empathie et de compétence sans négliger la bonne gestion de l’équipe municipale soudée autour de lui pour le bien de ses administrés.

 

Pierre Catoire

LES CHEMINS DE COMPOSTELLE : UN VERITABLE ANTIDOTE AU MAL VIVRE !

La rentrée est là…. Vive la rentrée !!! On ne peut être plus consensuel… donc heureux ?

Pourtant, en y réfléchissant bien, pouvons-nous nous sentir à l’aise et serein dans un monde où les points de repères sont de plus en plus fluctuants et où nous avons, les uns et les autres, de plus en plus de difficultés à nous situer. Oui, indéniablement, nous vivons une époque difficile dominée d’une part par la dictature des médias qui, le plus souvent nous conditionnent et orientent notre façon de vivre, notre façon de nous comporter et d’autre part par le règne d’un matérialisme omniprésent dans notre quotidien.

La réussite semble correspondre au niveau de vie « affiché », le semblant l’emportant sur l’authentique, la caricature et le cliché sur l’être profond. La confusion est extrême et on confond, le plus souvent, « réussir dans la vie et réussir sa vie ». Je me rappelle encore ce slogan publicitaire diffusé à grand renfort de panneaux publicitaires : « Epatez vos voisins !!! Dites-leur ce que vous avez entendu sur notre radio » En peu de mots tout est dit : il faut épater… il faut être le meilleur (ou apparaître comme tel) … il faut être en état d’alerte permanente pour ne pas se laisser dépasser…

Malheur au faible !!!

Qu’il s’agisse du milieu professionnel, politique, culturel, sportif… l’émulation ne m’apparaît pas saine, elle n’est plus basée sur le goût de l’effort et le dépassement de soi mais sur l’écrasement de « l’autre » qui, de ce fait, devient le plus souvent l’homme à abattre ! Pour être le meilleur toute une panoplie est à disposition : tricherie, croche-pied, drogue, faux semblant, mensonge, non-respect de la parole donnée…

Pessimiste me direz-vous ? Je ne le pense pas. Réaliste…peut être ! Tant que l’argent sera le nerf de la guerre, tant que l’économie sera axée uniquement sur la consommation et le matérialisme nous vivrons des moments difficiles et incertains. Le monde a faim non seulement de nourritures terrestres mais de saines motivations d’espoir et de joies de vivre. On voudrait nous faire croire que les difficultés actuelles à vivre dignement seront apaisées sur terre par des solutions purement matérielles et que notre planète sera un jour un paradis, un jardin d’Eden où chacun trouvera sa place sans remettre en cause l’existence de « l’autre ».

Dans ce monde déshumanisé l’homme se sent atteint dans sa dignité, impuissant malgré son désir de progresser dans l’amour et dans la connaissance qui seuls sont à même de limiter son individualisme, son égoïsme, défaut le mieux partagé dans le contexte actuel. Dans son ouvrage « Divine blessure (1) » Jacqueline KELEN stipule : « La société actuelle a besoin de Saints et d’Eveilleurs, bien plus que d’économistes et de psychologues ».

Parmi les antidotes à ce « mal vivre » il en est un que je recommande parce que je l’ai adopté : il s’agit de la pérégrination sur les chemins de Compostelle !

Pourquoi tant de femmes et d’hommes décident aujourd’hui de partir sur « Le chemin des étoiles » si ce n’est pour retrouver un équilibre et une prédominance du spirituel sur le matériel seul à même aujourd’hui de répondre aux aspirations profondes de l’être humain et à lui rendre ainsi ses lettres de noblesse.

« Faire Saint Jacques » comme l’on dit : c’est retrouver des joies simples oubliées dans le désordre de la vie quotidienne, c’est retrouver ses racines en côtoyant notre bonne vieille terre et sa merveilleuse nature, c’est se surprendre en redécouvrant le goût de l’effort avec abnégation et persévérance, c’est oublié le superflu pour aller à l’essentiel, c’est oublier pour un temps son Ego pour se tourner vers les autres avec humilité et s’enrichir à leurs contacts.

En fait, les Chemins de Saint Jacques nous proposent tout un programme qui concoure, à terme, à rendre l’homme libre et responsable et à lui restituer sa véritable place dans le monde d’aujourd’hui.

Sachons apprécier à sa juste valeur cet espace salvateur qui au travers de ses traditions, de ses mythes et légendes et de sa spiritualité réconfortent et maintient l’espoir.

Pierre CATOIRE

(1) « Divine blessure » de Jacqueline KELEN Editions Albin Michel

LA REFORME DES RETRAITES: A HAUT RISQUE MAIS TELLEMENT NECESSAIRE!

Vont-ils continuer a s’accrocher autant …après la réforme?

Emmanuel MACRON et son gouvernement s’attaque à la réforme des retraites d’une manière courageuse car bon nombre des prédécesseurs avant lui n’avaient pas osé l’envisager plus préoccupés de « durer » que de mettre en mouvement une telle réforme jugée explosive….
Tous ces régimes dits « spéciaux » ont été mis en place pour pouvoir apaiser les revendications catégorielles et mettre également en exergue quelques « initiateurs » soucieux de marquer leur empreinte !
Serions-nous à la veille de balayer progressivement cette « France à deux vitesses » qui injustement séparait notamment les fonctionnaires protégés du monde dit « privé » beaucoup plus exposé aux aléas professionnels ?
Si les avantages essentiellement axés sur la sécurisation de l’emploi et les conditions particulières d’accès à la retraite compensaient autrefois des rémunérations moins attrayantes dans le secteur public que dans celui du privé il n’en est plus de même aujourd’hui….
Il est aussi curieux de constater que certaines institutions ou secteurs professionnels continuent à réserver leurs services et prestations aux seuls fonctionnaires qui bénéficient alors de conditions avantageuses auxquelles le privé n’a pas droit. On constate cet état de fait notamment au niveau des assurances qui doivent considérer qu’il est plus sécurisant de faire cotiser des citoyens aux revenus garantis que d’intégrer des salariés soumis aux lois du marché et susceptibles de perdre leur pouvoir d’achat ! Le corporatisme, s’il peut s’avérer parfois bénéfique, est indéniablement une source de division (le plus souvent entretenu par la gauche…allez savoir pourquoi ?)
L’approche d’une justice sociale est plus que jamais une nécessité pour retrouver une cohésion au sein de notre pays qui en a bien besoin et ce n’était pas un premier ministre comme Edouard Balladur qui, en son temps, allait contribuer à réduire les inégalités lui qui, bien au contraire, allait amplifier l’écart entre public et privé en portant à 40 ans de cotisation les salariés du privé sans oser en faire autant avec les fonctionnaires maintenus à 37 ans et demi…. Et oui la lâcheté est souvent l’apanage des politiques n’hésitant pas à trahir leur propre électorat !
Bien évidemment la plupart des syndicats sont déjà « vent debout » contre la réforme des retraites comme contre toute réforme d’ailleurs afin de maintenir le faible potentiel d’adhérents dont ils disposent encore…
Il est bien évident que cette réforme ne devrait être qu’un point de départ pour revoir tant d’avantages accordés à tort à différentes catégories de salariés qui bénéficient notamment de déductions fiscales supplémentaires par rapport à la norme en vigueur (je pense notamment aux journalistes et à des professions le plus souvent ignorées du public issu du bon vouloir de quelques sénateurs en recherche de notoriété !
Les niches fiscales sont encore bien vivantes… là encore il serait opportun de faire le ménage et je suis persuadé qu’une très grande majorité de français sont favorables à ces rabotages d’une autre époque et qui venaient atténuer le mécontentement de certains secteurs d’activité revendicatifs…
La diminution du nombre de parlementaires et de sénateurs est aussi à l’ordre du jour et va dans le bon sens quand on compare le nombre d’élus français avec d’autres autres pays similaires au notre et qui sont beaucoup plus raisonnables…
S’il s’avérait que des blocages politiques et sectaires viennent mettre à mal tous ces projets rendus nécessaires le gouvernement pourrait se tourner vers un référendum pour questionner l’ensemble des français avec toute chance d’être entendu et conforté dans sa volonté d’aboutir…
Je suis convaincu que toutes les réformes envisagées par notre gouvernement correspondent à l’attente des français pour une meilleure justice sociale, pour d’indispensables économies rééquilibrant les finances nationales mal en point… il faut simplement que les efforts soient partagés par tous et que le raisonnable vienne supplanter la démagogie et l’égoïsme…. A partir de là tout me semble permis !

Pierre Catoire

UNE BIEN MAUVAISE BONNE INITIATIVE : LA COMMUNAUTE DE COMMUNES !

Au moment où bon nombre de maires annoncent leur désir de ne pas solliciter un nouveau mandat lors des prochaines élections municipales on peut s’interroger sur les raisons qui les poussent à prendre du recul vis-à-vis de la fonction politique la plus appréciée des français…

Il faut d’abord considérer que plus la commune est petite plus le maire est en prise directe avec une multitude de tâches et qu’il n’a pas la possibilité de déléguer comme c’est le cas au sein des municipalités de grandes villes dont les moyens permettent un recrutement conséquent (voire parfois trop conséquent…) D’ailleurs, ne nous trompons pas, il y aura toujours des candidats pour briguer les fonctions de maire dans toutes les villes importantes en population permettant un personnel municipal conséquent et mettant en exergue le premier magistrat…

Parmi les mesures qui limitent l’action des maires il y en a une qui retient particulièrement mon attention tellement elle impacte la vie municipale. Je veux parler des communautés de communes qui ont été mises en place en pensant ainsi mutualiser bon nombre de services engendrant par là-même de substantielles économies…. Il faut se rendre à l’évidence : ce qu’on attendait de cette association de communes n’a pas répondu à l’attente non seulement tant au niveau de la satisfaction des usagers qu’au niveau des économies escomptées !

A croire que lorsqu’il s’agit de l’argent public nos hommes politiques sont moins vigilants que pour la gestion de leur propre portemonnaie…. On pouvait penser raisonnablement que la communauté allait être pourvue en personnel par les communes elles-mêmes sans qu’il soit besoin d’envisager des recrutements complémentaires où tout au moins en limiter la portée…. Au lieu de cela un recrutement conséquent a été opéré d’une manière plus discrète que dans un cadre municipal ce qui a permis à certains hommes politiques de placer quelques protégés sans souci de l’augmentation des impôts qu’auront à supporter les contribuables… (Le recrutement des fonctionnaires est en baisse depuis quelque temps déjà et aurait dû faiblir encore davantage si la sagesse l’avait emporté en limitant  l’accueil d’agents territoriaux toujours plus nombreux !)

Par ailleurs la communauté de communes est particulièrement décriée par bon nombre d’usagers qui voient en cette dernière la possibilité pour certains élus locaux de fuir leurs responsabilités en lui incriminant les très fréquentes critiques émises notamment en matière d’entretien et de propreté…. Très souvent municipalités et communautés de communes « se renvoient la balle » laissant l’administré sur sa faim ce qui ne solutionne rien mais, au contraire, suscitent des pressions et des incompréhensions !

La mise en place d’une communauté de communes n’est pas à rejeter systématiquement mais elle nécessite en son sein un nombre de communes retreint ce qui permet de mieux contrôler son action.

Aujourd’hui le mal est fait et il paraît déraisonnable de revenir en arrière mais ne pouvons-nous pas trouver des solutions pour « limiter la casse » et redonner la parole à bon nombre de petites et moyennes communes inféodées au bon vouloir des cités les plus importantes qui les ont plus ou moins absorbées ? Comment y parvenir ? Vous avez la parole !

JE SUIS UN PEU DESEMPARE…ET VOUS?

34 têtes de liste: il y a le choix!

Les élections européennes vont être l’occasion de prendre conscience une fois encore de la distance qui sépare le citoyen des structures technocratiques qui ne leur parlent pas et dont ils ne connaissent, pour la plupart, ni les tenants ni les aboutissants…. L’abstention va battre encore un record !

Ces élections de « seconde zone » vont permettre à bon nombre de candidats frustrés de n’avoir pu obtenir un mandat national de se réfugier à Bruxelles et toucher de coquettes royalties même s’ils sont peu présents au parlement européen…. Il est vrai qu’il est plus facile d’être élu sur une liste dont le scrutin est la proportionnelle que dans le cadre d’une élection législative qui exige un certain charisme et un contact plus direct avec les électeurs…. Bien sûr un bon positionnement sur la liste est indispensable pour être élu mais « les professionnels de la politique » savent manœuvrer habilement pour qu’il en soit ainsi et laisser aux « non-éligibles » le seul mérite et la satisfaction d’avoir figuré…Le tout est de participer comme le stipulait Pierre de Coubertin !

Pouvons-nous croire en l’Europe ? Il semble exclu de lui donner un avenir tant qu’une réforme profonde ne modifiera pas ses structures de fonctionnement…. Pourquoi avoir voulu intégrer autant de pays alors que l’on a déjà beaucoup de difficultés à s’entendre dans un cadre restreint ? Pourquoi avoir voulu prendre certaines orientations par la voie parlementaire alors qu’une majorité de citoyens s’y opposait par référendum ? Ne nous étonnons pas alors de cette désaffection des français vis-à-vis de cette construction européenne pour laquelle ils n’ont pas eu leur mot à dire !

Il n’y a pas d’ailleurs que l’avenir de l’Europe qui est préoccupant car aujourd’hui le citoyen est de plus en plus éloigné des structures qui régissent sa vie quotidienne…L’objectif avoué est de « regrouper » bon nombre de services sous prétexte de réaliser des économies: regroupement des régions sans tenir compte de leurs particularités liées à l’histoire, regroupement des localités sous forme de communautés de communes qui devaient permettre de substantielles économies et qui se sont avérés, au contraire, générateurs de dépenses supplémentaires….. Par contre on évite bien d’envisager le regroupement des sénateurs, parlementaires et membres du Comité Economique et Social qui engendrerait d’importantes économies de par la diminution sensible de leurs effectifs !

Ainsi le contribuable est sans cesse amené à mettre la main au portefeuille pour alimenter un « mille-feuilles » qui s’épaissit chaque jour un peu plus : impôt communal, impôts intercommunal, impôt départemental, taxe spéciale d’équipement, taxe ordures ménagères…. et je dois en oublier !

Il est temps aujourd’hui de se poser les bonnes questions : Avons-nous des dirigeants compétents ? Avons-nous des hommes et des femmes susceptibles de faire passer l’intérêt général avant leur égo et leurs besoins propres ?

Au moment où les valeurs traditionnelles sont bafouées, où l’individu peine à trouver sa place au sein d’un monde de plus en plus déshumanisé et où le « Dieu Argent » règne en maître, il me semble indispensable de réagir, de redonner un peu d’espoir dans l’avenir que nous préparons à nos enfants….

Comment réaliser ce miracle ? je n’ai aucune certitude, je suis un peu désemparé, et vous ?

 

Pierre Catoire

 

LE CAVALIER VICTORIEUX

Lors de notre odyssée romane de l’été 2011 en terre de Poitou et Saintonge nous avons fait un arrêt à l’église de Parthenay-le-Vieux. Cette église Saint-Pierre est mentionnée pour la première fois dans les textes en 1092. Elle a été donnée par les seigneurs Ebbon et Gelduin de Parthenay à l’abbaye auvergnate de la Chaise-Dieu (Auvergne). Elle présente un plan en croix latine, avec une nef centrale et des collatéraux, un chœur à trois absides et un clocher octogonal sur la croisée. Elle conserve encore sa façade à trois portails richement sculptés.

Un prieuré est alors fondé. C’est là que vivait Aiméry PICAUD connu comme l’auteur du guide du pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il aurait rédigé ce recueil dans les années1130-1140. Aiméry est mentionné dans une lettre du pape Innocent II, qui le désigne comme un moine du prieuré Saint-Pierre de Parthenay-le-Vieux. Ce guide donne aux pèlerins des conseils pratiques pour leur pieux voyage, leur indique les sanctuaires où ils doivent s’arrêter pour vénérer les reliques des saints, et décrit la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Plus tard, l’on retrouvera Aiméry PICAUD (alias Olivier d’Asquins) comme chapelain, à Asquins, village situé au pied de la colline éternelle de Vézelay où il aurait installé un abri pour pèlerins. Asquins était alors le principal lieu de rassemblement des pèlerins en partance pour Compostelle.

Mais ce qui a surtout attiré notre attention sur cette façade occidentale de Parthenay-le-Vieux, c’est la présence de ce cavalier dont le cheval écrase de sa patte antérieure un petit être terrifié. Ce « Cavalier Victorieux » tel qu’on le dénomme (principalement) en Poitou-Charentes, est un grand classique dans le répertoire de la statuaire romane. Il est célèbre pour les controverses qu’il a suscitées chez les historiens de l’art. Il n’est pas sans rappeler les représentations de St-Georges et le dragon ou de St-Jacques Matamores, mais l’absence de toute agressivité de la part du cavalier, ainsi que l’apparente docilité du personnage foulé aux pieds du cheval, ont laissé perplexes les savants.

Eglise Saint Pierre de Parhenay le Vieux 79

Certains ont cru y voir Charlemagne, d’autres le Christ écrasant l’Ancienne Loi, d’autres encore l’Empereur Constantin triomphant du paganisme. Quoi qu’il en soit, ce cavalier est loin d’être unique : des figures équestres homologues se trouvent de part de d’autre dans la région Poitou-Charentes, notamment le plus connu à Melle (79).

 

Eglise Saint Hilaire MELLE 79

Cette statue a été très restaurée et modifiée au XIXe siècle. Des vestiges de la sculpture retrouvée en 1984, les archives ainsi que les relevés, laissent entendre qu’il pourrait s’agir d’un seigneur local du nom de Constantin qui se serait proclamé « défenseur de l’Église » et « protecteur de la population ».

Celui de Parthenay-le-Vieux, moins rongé par le temps, chevauche au petit galop, le manteau au vent, et porte en plus un faucon au poing. Il relève plus visiblement de l’art hispano-arabe que ses homologues dans la région, mais le sens de cette scène n’en est pas pour autant plus facile à saisir.

Il est bien connu que les représentations sculptées ou peintes d’un cavalier victorieux ont retenu depuis toujours l’attention des archéologues et des historiens de l’art spécialisés dans l’étude de l’art roman. Elles ont provoqué une littérature abondante particulièrement en France, mais aussi en Espagne. Du côté français des Pyrénées, leur interprétation sous le nom de l’empereur Constantin Ier, libérateur de l’Eglise chrétienne et, par voie de conséquence, vainqueur du paganisme, a bénéficié d’une grande faveur surtout depuis les beaux travaux d’Emile Mâle. Elle s’appuie sur des arguments non négligeables même si certains prêtent à discussion. Du côté espagnol, une autre interprétation fondée, elle aussi, sur des arguments dont certains sont hors de toute discussion propose Saint Jacques le Majeur vainqueur de l’Islam et, par conséquent, lui aussi, libérateur de l’Eglise chrétienne, ne serait-ce que pour la péninsule ibérique.

Ces deux interprétations sont peut-être justes. Car c’est ici déjà que s’entrouvre la porte aux interprétations les plus diverses. Le paganisme, l’arianisme, l’erreur, on a à peu près tout dit et rien prouvé parce qu’on ne sait pas très bien qui est le vainqueur. Mais il serait préférable de faire confiance aux nombreux témoignages que les imagiers du XIIème siècle nous ont transmis dans la pierre plutôt qu’à ceux qui reconstruisent leurs intentions à travers des théories dérivées des élaborations mentales et plastiques propres à l’homme du XXIème siècle.

En ce qui nous concerne, nous pensons que l’explication des « statues équestres du Poitou » se trouve en Bourgogne, dans la cathédrale Saint Lazare d’Autun. Le cavalier victorieux n’est plus sur la façade occidentale (ou septentrionale comme à Melle) mais figure sur un chapiteau du chœur.

 

Cathédrale Saint Lazare AUTIN  71

Le cavalier, vraisemblablement un chevalier, dirige son cheval d’une seule main, montrant ainsi une maîtrise apparente de l’animal qui symbolise ici les instincts de l’homme, comme dans toutes les représentations animales propres à l’art roman.

Le cavalier n’exerce plus une attention soutenue sur sa monture qu’il pense avoir dominée. Le cheval, quant à lui, tourne la tête pour vérifier si le cavalier lui prête toujours attention à ce qu’il est en train de faire. Par ailleurs, nous voyons qu’il a posé un sabot sur la tête d’un petit homme recroquevillé, terrorisé sans doute. Or, nous savons que le cheval est le symbole de l’instinct il devient alors aisé de comprendre que le petit personnage menacé d’être détruit, représente cette partie spirituelle encore faible et fragile que l’homme de la chute, en train de se régénérer, « l’homme nouveau », avait pour but de développer en lui. Ses passions, nées de l’instinct du vieil homme, vont malheureusement, une fois de plus, ruiner cette espérance.

Nous avons donc trois éléments : le cavalier qui ne surveille plus sa monture, un cheval, qui lui, en revanche, surveille son cavalier et un petit personnage menacé d’être anéanti. Ces trois figurants sont bien évidemment trois aspects du même homme. Et ainsi, sur un seul chapiteau se trouve résumé tout un drame que chacun peut se souvenir d’avoir vécu, ou redouter de vivre.

Car le petit personnage écrasé représente cette étincelle de divin qui luit en chacun de nous tel que le décrit Jean dans son prologue  » La vraie Lumière était celle qui éclaire tout homme venant en ce monde. » Malheureusement Jean nous a aussi prévenu :  » Et la Lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie« .

Combien de temps laisserons-nous encore notre cheval écraser l’Être ?

Gilbert BUECHER

 

UN PESSIMISME BIEN ANCRE!

Quelle sera la suite donnée à cette mobilisation?

Chaque jour amène son lot de déceptions…Qu’il s’agisse du monde politique, professionnel, sociétal ou associatif rien ne correspond à ce que l’on serait en droit d’attendre d’un monde dit « évolué » ….

Lors de l’élection présidentielle de 2017 je reconnais  avoir été séduit par Emmanuel MACRON parce qu’il représentait un espoir de gestion différente de notre pays et qu’il permettait le renouvellement d’une classe politique usée et bien corrompue… Je m’aperçois aujourd’hui que les mêmes travers, que nous avons connu chez les prédécesseurs, réapparaissent : rivalités, besoin de se mettre en exergue, gaspillage à tout va… sachant que toutes les décisions prises ne touchent pas leur portefeuille…. nomination des « copains » sans toujours tenir compte des compétences… On parle aujourd’hui de réduire les impôts alors qu’on les a sensiblement augmentés par le jeu de la CSG…. Tout est tromperie dans ce monde hypocrite et sans scrupules !

Me serais-je trompé?

Dans le monde des affaires on poursuit comme par le passé à arroser généreusement les grands patrons qui partent à la retraite avec des sommes extravagantes qui pourraient servir à augmenter le pouvoir d’achat des plus démunis…. Bien évidemment il faudrait le courage politique qui fait défaut pour revoir un système qui n’a que trop duré !

Comment voulez-vous qu’il n’y ait pas un vent de révolte et de frustration quand beaucoup n’ont même pas le minimum pour vivre décemment ?

Au niveau de la société française la sécurité des individus est de plus en plus précaire, notre pays est devenu une véritable passoire faute à un contrôle laxiste au niveau de ses frontières…. Progressivement nous perdons les valeurs qui ont fait de notre pays un exemple de cohésion sociale et du respect des droits de l’homme qui ne peuvent être véritablement mis en exergue que dans un contexte serein….

On pourrait pu penser que le milieu associatif est un antidote aux frustrations et ressentis que je viens d’évoquer et qui affectent toutes les couches de notre population, détrompez-vous ! Les rivalités, les ambitions les égos sont omni présents chez beaucoup d’individus qui pensent qu’ils vont satisfaire leur soif de pouvoir surtout s’ils n’ont pu se réaliser dans leur secteur professionnel…. Plus encore qu’ailleurs beaucoup de « Kalife veulent remplacer le kalife » ce qui crée le plus souvent des conflits insupportables dont les structures éprouvent beaucoup de difficultés à s’en remettre….

Ce constat est effectivement pessimiste me direz-vous ? Il est certain que le tableau que je viens de brosser n’incite pas à voir positivement l’évolution de notre société…. Pourquoi en es-t-on arrivé là ? Que manque-t-il et que faut-il faire pour que notre devise républicaine : « Liberté-Egalité-Fraternité » retrouve ses lettres de noblesse ?

J’avoue être quelque peu désarmé devant la situation présente mais je vais néanmoins tenter une petite et modeste approche, une petite lumière dans nos ténèbres bien encombrés : réhabilitons la cellule familiale et reconsidérons la religion comme un terrain de réflexion et de méditation débouchant sur des notions de fraternité, d’amour et d’humilité….

Le « matériel » est désormais l’élément moteur qui envahit nos vies et chacune de nos actions est liée au besoin de consommer…. On a perdu en grande partie le goût de travailler…. La cellule familiale qui était un rempart à l’isolement, à l’insécurité et qui permettait l’éclosion de l’affection réciproque est mise à mal et ne permet plus cette dose d’intimité chaleureuse indispensable à chacun pour son épanouissement personnel dont il savait faire profiter son entourage !

Les nouveaux saints!

Au risque d’apparaître à contrecourant je considère que  la religion, quelle qu’elle soit, même si elle est très imparfaite dans son application, servait de catalyseur pour beaucoup et permettait une forme d’élévation spirituelle limitant ainsi le « tout matériel ». Aujourd’hui les saints sont remplacés par les vedettes du show-biz et de la télévision car l’homme est ainsi fait qu’il a besoin d’idoles à admirer et les organes d’informations, quels qu’ils soient, ne se privent pas pour les satisfaire pleinement…. Même la Franc-Maçonnerie qui a pour ambition d’amener l’homme à s’élever spirituellement a beaucoup de difficultés pour mener à bien sa mission, perturbée qu’elle est par certains « frères » venant avant tout pour récupérer des carnets d’adresses susceptibles de conforter leur activité professionnelle….

Si on veut être « raisonnable » on dit qu’il faut laisser du temps au temps pour rectifier tous ces travers mais l’impatience grandit tout particulièrement dans la classe laborieuse qui a souvent bien des difficultés pour « joindre les deux bouts » reprenant ainsi une expression populaire…A ce sujet les « gilets jaunes » me semblent être un mouvement revendicatif « rafraichissant » qui, malheureusement, a été pollué par des casseurs qu’on aurait peut-être pu davantage maîtriser…. Encore fallait-il en avoir envie !

On prend conscience que rien ne change ou si peu et on peut effectivement se poser beaucoup de questions sur l’héritage et sur le monde que nous allons laisser à nos enfants surtout au moment où notre planète mal traitée se réchauffe ce qui engendre un déséquilibre inquiétant…. La faune et la flore sont elles aussi prisonnières des intérêts économiques qui priment sur tout et qui voient des espèces disparaître chaque jour un peu plus….

Le premier des prédateurs pour l’homme c’est indéniablement  l’homme avec ses extravagances, ses ambitions démesurées, son désir de domination qui lui font adopter des positionnements irresponsables qui le condamnent à terme !

 Avons-nous encore le temps de réagir ?

Pierre CATOIRE

 

 

A PROPOS DU CHANT DES PELERINS DE COMPOSTELLE ET DE SES VARIANTES

A propos du Chant des pèlerins de Compostelle de J.Cl. BENAZET et de ses variantes

par Pierre SWALUS
pierre.swalus@verscompostelle.be

Le Chant des pèlerins de Compostelle dont le premier couplet commence par « Tous les matins nous prenons le chemin… » est bien connu des pèlerin.e.s.  Les paroles des  3 couplets et la musique sont de Jean Claude BENAZET ; le refrain est lui emprunté à la chanson Dum Pater Familias du Codex Calixtinus  datant du XIIème siècle.

Voici le refrain et  les 3 couplets :

R. Ultreïa, ultreïa !E sus eia
Deus, adjuva nos!
 1. Tous les matins nous prenons le chemin,
tous les matins, nous allons plus loin,
jour après jour la route nous appelle,
c’est la voix de Compostelle
 
2. Chemin de terre et chemin de foi,
voie millénaire de l’Europe,
la Voie lactée de Charlemagne,
c’est le chemin de tous les jacquets.
 3. Et tout là-bas au bout du continent,
messire Jacques nous attend,
depuis toujours son sourire fixe
le soleil qui meurt au Finistère. 

Amélie DESILES(1) fait  remarquer que « la mélodie des couplets est identique à celle du chant liturgique n° H 64 (ou DEV 348) « Vers toi, Seigneur » plus connu sous le nom de « Sur les chemins de la vie » et dont le compositeur est Jo Akepsima » . Ce n’est pas exact car si on met les deux mélodies en parallèle, on constate pas mal de différences , mais aussi pas mal de similitudes . J.Cl. BENAZET le reconnait implicitement en répondant avec justesse que « si vous prêtez bien l’oreille, vous entendrez les différences, surtout si vous utilisez la bonne partition » (2).

 

(3)

C’est probablement pour cette raison que l’auteur insiste si souvent sur la « bonne partition ».

Cette chanson est connue également en dehors de la francophonie : elle a été traduite et donc aussi chantée en néerlandais (4), en anglais (5), en allemand (6), en alémanique (7), en italien (8) et enfin en polonais (9).

Victime de son succès,  et au grand dam de son auteur qui proteste énergiquement, elle s’est vu s’adjoindre  au fil des années de nouveaux couplets ou a même vu ses couplets modifiés. Toutes ces modifications , que nous appellerons pour la facilités versions ou variantes, n’ont pas connu le même degré de diffusion. Elles seront présentées en ordre décroissant de popularité.

La version la plus connue (10) (bien moins bien sûr que la version authentique)  comprend 4 couplets (un couplet ajouté aux 3 authentiques). L’auteur en est Periotac ( Pierre Catoire, ancien Grand Commandeur de la Confrérie Fraternelle des Jacquets de France):

Ce 4ème couplet (11)

Quand l’amitié estompe le doute
Dans un élan de fraternité
On peut alors reprendre la route
Et s’élever en toute liberté

Une seconde variante  bien connue comprend 5 couplets (2 couplets ajoutés à la version authentique). L’auteur de cette version nous est inconnu. .

Couplets 4 et 5 (12)

A chaque pas, nous devenons des frères
Patron St Jacques, la main dans la main
Chemin de Foi, chemin de lumière
Voie millénaire des pèlerins
.

Ultreïa ! Ultreïa ! E sus eia Deus adjuva nos !

 Mr St Jacques écoutez notre appel
Des Pyrénées à Compostelle,
Dirigez nous du pied de cet autel,
Ici-bas et jusqu’au Ciel

Cette version est  même traduite en anglais, allemand, alémanique  et italien (8). Elle est aussi parfois chantée en 6 couplets en faisant suite à la variante précédente (13).

Une troisième variante a 8 couplets (5 couplets ajoutés aux 3 authentiques). L’auteur en est anonyme. Mais  une partie de son inspiration a été trouvée dans une prière de la liturgie des heures (tropaire de l’office des lectures) pour la fête de saint Antoine (14) et aussi dans une autre prière « Frère Pèlerin « (15). Il est vraisemblable que l’auteur de ce texte soit un clerc.

Prière « Va Pèlerin » (14) Prière Frère Pèlerin (15) Couplets 4 à 8 auteur inconnu (16)
Va, pèlerin, poursuis ta quête ;
va ton chemin,
que rien ne t’arrête.
Prends ta part de soleil
et ta part de poussière ;
le cœur en éveil,
oublie l’éphémère.Tout est néant :
rien n’est vrai que l’amour.
N’attache pas ton cœur
à ce qui passe.
Ne dis pas : j’ai réussi,
je suis payé de ma peine.
Ne te repose pas dans tes œuvres :
elles vont te juger.
Garde en ton cœur la parole :
voilà ton trésor.

Tout est néant :
rien n’est vrai que l’amour.

Frère pèlerin,
Viens au sanctuaire,
Marche vers la splendeur,
Ton Dieu lui-même marche avec toi.
  Prépare ton cœur
Et pars dans la confiance et la joie,
Seul ou avec tes frères
Mais viens
  Mets tes pas dans les pas de tes aînés.
Qui que tu sois,

Tu as ta place dans la maison de Dieu.
Tu as des frères à rencontrer
Des Saints à imiter,
Marie à écouter
Et l’Eglise à vivre

 

Si tu as soif de joie de paix,
De justice, d’amour et de pardon,
Viens puiser l’eau vive
Aux sources du salut.

 

Jeune plein d’ardeur,
alade habité par la souffrance,
Toi qui te sens en marge
Comme toi qui goûtes la douceur de la vie de famille,
Viens t’exposer à la lumière de l’Evangile.

 

Va, et reviens réconcilié,
Réconforté, renouvelé.
Annonce alors la bonne nouvelle à tes frères
Dieu nous aime et nous attend.
Marche vers la splendeur ;

Ton Dieu marche avec toi.

 

(1er congrès mondial de pastorale des sanctuaires et pèlerinages-Rome février 1992)

 

4. Va pèlerin va sur ton chemin,
prends ta part de soleil et de poussière,
Le cœur en éveil à la nature si belle,
sur la voie de Compostelle.
5. Jeune ou vieux toujours prêt à partir,
à marcher sur les pas de notre Dieu,
Comme un oiseau volant à tire d’aile,
sur la voie de Compostelle.
  6. N’attache pas ton cœur à ce qui passe,
ne te repose pas dans tes oeuvres,
Garde en ton cœur la Parole éternelle,
c’est la voix de Compostelle.
 7. Prépare ton cœur et marche dans la joie,
plein d’ardeur, rempli d’espérance,
Dieu t’attend à l’ombre d’une chapelle,
sur la voie de Compostelle
 – 8. Ton Dieu lui-même marche avec toi
mets tes pas dans les pas de tes frères,
Abreuve-toi à la bonne nouvelle,
c’est la voix de Compostelle.

 

.Les 4 premières strophes de la prière  « Va pèlerin » se trouvent  aussi dans la chapelle Saint-Roch, près de La Roche sur le GR65(16). Cette version est citée  à plusieurs reprises sur internet ou ailleurs (17).

Les versions suivantes sont plus confidentielles.

La version écrite par Bernard DELHOMME est un simple remaniement du texte originel des couplets 2 et 3 pour en améliorer les rimes.

Version authentique de J.Cl.BENAZET

Chemin de terre et chemin de foi,
voie millénaire de l’Europe,
la voie lactée de Charlemagne,
c’est le chemin de tous les jacquets.

 Et tout là-bas au bout du continent,
messire Jacques nous attend
depuis toujours son sourire fixe
le soleil qui meurt au Finistère.

Version remaniée par Bernard DELHOMME (12)

Chemin de foi, chemin de terre
de l’Europe la voie millénaire,
de Charlemagne la voie lactée,
c’est le chemin de tous les jacquets 

Et tout là-bas au bout du continent,
messire Jacques nous attend
depuis toujours son sourire éclaire
le soleil qui meurt au Finistère

A ma connaissance cette version  n’a jamais été chantée

Une variante du 4ème couplet n’a probablement été chantée que par ces auteures

4ème couplet (18)

En Aveyron, Conques nous attend
Temps de carême et de partage,
Saint Augustin nous accompagne
Alegria dans nos bagages
.

Enfin une variante en 6 couplets (le 6ème nouveau, ajouté à la version en 5 couplets citée plus haut) a été écrite et chantée par « Annie du chemin. »

6ème couplet (19)

Messire Jacques veille bien sur moi
Sois ma boussole et mon bâton,
Guide moi sur ma de vuelta*,
Pour rentrer jusqu’à ma maison.

*de vuelta, le retour en espagnol, se prononce dé buelta.

Pour être le plus complet possible, ajoutons qu’une version en 19 couplets (16 ajoutés au 3 premiers) existe aussi … (20)

Comme on le voit, les pèlerin.es se sont approprié la chanson: pour beaucoup d’entre eux, elle est devenue leur chanson.
Tout comme cela a été le cas au siècles passés pour la « Grande chanson des pèlerins de saint Jacques » qui a vu se multiplier les versions (Denise PÉRICARD-MÉA en donne 5 différentes datant du XIVe au XVIIe siècle (21) ou encore pour la chanson bretonne « Yan Derrien Santiago de Compostela » qui en comptent au moins quatorze (22), « le chant des pèlerins de Compostelle » de J.Cl.BENAZET  vit sa propre vie.

Son auteur a de quoi s’enorgueillir de voir son œuvre atteindre si rapidement  une telle notoriété.

Face aux vicissitudes de la vie, tout parent a le choix entre garder son enfant, devenus adulte, sous sa tutelle ou, confiant dans son avenir, de lui laisser prendre son envol en toute liberté…

A chacun son chemin.

————————————————————————-

(1) DESILES Amélie, sur la page https://www.youtube.com/watch?v=pRo-nyUu4x4&list=RDpRo-nyUu4x4&start_radio=1. Consultée en date du 10/01/2019

(2) BENAZET Jean Claude, même page

(3) La partition du chant « Vers toi Seigneur » est reprise de  la page https://www.chantonseneglise.fr/chant/638#638-3  et celle du « Chant des pèlerins » de la page de Bernard DELHOMME :  http://www.xacobeo.fr/ZF2.02.mus.Ultreia.htm (l’auteur n’ayant pas répondu à ma demande de l’envoi de la bonne partition)
Il existe également une version musicale à 2 voix,  écrite par Jean Claude BENAZET

(4) https://pietenkarin.wordpress.com/wetenswaardigheden/p elgrimslied/

(5) http://www.pilgrimroads.com/2010/12/ultreia/

(6) http://www.pilgerweg.ch/Pilgerweg/BedeutungUltreia.htm

(7) http://www.stjacquesparis.com/Besace/LaBesace201503.pdf (version en 5 couplets)

(8) http://www.eichinger.ch/eichifamilyhom/Reisen/Jakobsweg/LePuy-Conques/Ultreia.htm

(9) http://camino.zbyszeks.pl/2016/12/09/piesn-wszystkich-pielgrzymow-ultreia/

(10) DEBRUYNE Christian dans son livre « De Namur à Compostelle en 100 étapes« , Memory, dit l’avoir vue sur le mur de l’auberge Casa Jesus de Villar de Mazarife
GIRARD Marie-Éliane dans son livre « L’aventure d’une femme riche et célèbre, » Cram,2017 dit l’avoir chanté dans la cathédrale du Puy-en-Velay, sous la dirction d’un prêtre, le texte des 4 strophes inscrit sur un tableau noir
HUBERTAlain dans son livre « Compostelle, vous en pensez quoi? », EdiLivre dit l’avoir entendu chanter.
Elle est également présentes  sur de nombreuses page internet

(11) présente de manière erronée comme ayant pour auteur J.Cl.BENAZET : http://www.webcompostella.com/wp-content/uploads/2015/05/ultreia.pdf

(12) présenté de manière erronée comme ayant pour auteur J.Cl. BENAZET   : « Ultreia » , sur le site de  « La Voie d’Arles et chemins alternatifs » :http://www.chemin-arles-en-lr.com/site/TelechargementContenu/Ultreia_paroles_et_partition.pdf

(13) http://ultreiaverslesetoiles.eklablog.com/ultreia-pour-moi-et-tous-les-fantaisistes-p1273356

(14) « Prière pour le pèlerin en chemin  » sur la page : https://www.pelerin.com/Pelerinages/Prieres-chants-et-meditations-pour-le-chemin/Prieres-pour-le-pelerin-en-chemin/Va-Pelerin

(15) « Frère pèlerin » , sur le site  de « Culture et Foi Diocèse de Sée »  : https://www.culturefoiseez.org/pastorale-du-tourisme/pri%C3%A8res/

(16) « Ultreia « , sur le site de Bernard DELHOMME : http://www.xacobeo.fr/ZF2.02.mus.Ultreia.htm

(17) Sur le site de François LEPÈRE  sur la page : https://www.chemin-compostelle.fr/va-pelerin/
PESCHARD Anne, « Au rythme de mes pas. Chemin de solitude, chemin de rencontres », EdLivre,  2015 : L’auteure dit l’avoir vue affichée dans l’auberge d’Élisa, à Le Barp
Elle est présentée comme un poème par Roger CARRERE, « Poème pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle (auteur inconnu)« . sur le site de « Choeur de l’Estelas » : http://09160estelas.centerblog.net/135-130-le-retour-du-pelerin

(18) Mariette, Marie-Luce & Isabelle du Secteur Bordeaux-St Augustin, Conques – avril 2011 :  sur le site de « Eglise Catholique Saint-Augustin »
https://saintaugustinbx.fr/Accueil/Album-photos/CHANT-DES-P%C3%88LERINS-DE-COMPOSTELLE-conques2011.pdf.pdf/

(19) Annie du chemin, « Pour moi et tous les fantaisistes  sur la page  « Ultreïa vers les étoiles ! »  : http://ultreiaverslesetoiles.eklablog.com/ultreia-pour-moi-et-tous-les-fantaisistes-p1273356

(20) Ayant oublié d’en noter l’adresse internet, je ne suis plus arrivé à la retrouver par la suite…

(21) PÉRICARD-MÉA Denise, « Cinq versions de la « Grande Chanson » des pèlerins de Saint-Jacques » sur le site de la Fondation David Parou :
https://www.saint-jacques.info/gdechansred.html

(22) MORVAN Nolwenn,  « Chansons de tradition orale en langue bretonne dans les livres, revues et manuscrits», sûr le site https://to.kan.bzh/chant-00256.html

 

 

 

Le 19/01/2019

LA COQUILLE SAINT JACQUES

C’est une belle légende qui va naître au moyen-âge. Toutefois, la coquille saint Jacques que les jacquets ramenaient des cotes de la Galice, comme preuve de leur périple, n’est qu’un emblème que les chrétiens fixèrent sur un symbole bien plus ancien puisque de toute éternité, comme tout symbole d’ailleurs. Car le symbole, en tant que signifiant, véhicule du savoir fondamental de la Tradition Primordiale, exprime un signifié immuable et permanent

Dès l’époque secondaire, ces mollusques construisaient leur coquille en suivant les leçons de géométrie transcendante. Le mot coquille est issu du latin vulgaire conchilia pris du latin classique conchylium, coquillage. Ce mot est emprunté au grec de même sens konkhulion diminutif de konkhê (conque, d’où Conques…) et croisé avec le latin coccum (coque). L’étymologie n’aura pas fini de nous révéler d’autres secrets de cet hermaphrodite aux allures si féminines. En effet, Aphrodite est le nom de la déesse grecque connue des romains sous le nom de Vénus, déesse de l’amour et de la beauté, bien évidemment. Plusieurs peintres, dont Corelli et Botticelli, ont été inspirés par cette Vénus et nous ont légué des tableaux représentant la naissance d’une Vénus, sortant nue et vierge d’une coquille, ou bien tenant une coquille. La coquille signifiait donc virginité, beauté et amour. Ceci pour les significations étymologiques, mythologiques et symboliques de la coquille, avant que ces millions de pèlerins ne se rendent à cet occident de la terre, à Fisterra.

Au début de ces grandes migrations, les pèlerins se contentèrent de ramasser quelques coquillages qu’ils trouvaient sur la plage et qu’ils ramenaient chez eux comme souvenir. Car depuis l’Antiquité on portait des coquillages pour se préserver de la sorcellerie, du mauvais sort et de toutes sortes de maladies. L’iconographie chrétienne de la coquille n’apparaît que bien plus tard, avec le culte voué à saint Jacques en ce début du Moyen Âge. Sans doute pour des raisons symboliques, la coquille s’est imposée comme attribut de l’apôtre et a donc pris le nom de saint Jacques. Petit à petit, cousue sur le chapeau, sur le sac ou sur le manteau, elle va devenir l’emblème, non seulement des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, mais progressivement de tous les pèlerins. En plus de son pouvoir protecteur, elle permettait de se distinguer des autres voyageurs, de boire dans les fontaines ou de demander l’aumône car à la vue de la coquille, la charité devient devoir. C’est ainsi que depuis, les pèlerins placent leur voyage sous le signe de ce symbole.

 

 


Le « Veneranda dies », sermon extrait du Codex Calixtinus(1) confère une légitimité à ce symbole et le codifie en précisant que les deux valves du coquillage représentent les deux préceptes de l’amour du prochain auxquels celui qui les porte doit conforter sa vie, à savoir aimer Dieu plus que tout et son prochain comme soi-même. Et nous voici ramenés à la notion d’Amour déjà signifiée par la coquille dans la mythologie. Et en s’appuyant sur le premier épître de Jean (1Jn 4,16) « Dieu est Amour et celui qui demeure dans l’Amour demeure en Dieu, et Dieu en lui » ce sermon précise que cet Amour de Dieu n’est pas seulement une idée ou une espérance, mais que, dans la foi, il est une rencontre avec ce Dieu qui nous a aimés le premier et nous permet de répondre à l’Amour divin. Car l’Amour est une énergie. Nous pouvons même dire qu’il est l’Energie Une, celle qui n’est pas limitée par l’ego, celle dont découlent toutes les autres. C’est l’agapè, terme grec qui exprime l’Amour infini de Dieu, l’Amour gratuit, traduit en latin par caritas, qui est devenu charité, celle qui conduit à la plénitude. Certes, le pèlerin ignorait peut être tout ce développement du symbolisme de la coquille qu’il arborait sur ses vêtements. Mais le Chemin, au fil des jours et des rencontres le lui rappelait résolument et , presque à son insu, il aimera son prochain comme soi-même, en application du commandement le plus important.(Mc, 12,31) et sous l’influence bénéfique de la coquille.

La coquille saint Jacques est aussi appelée Mérelle ou Mérelle de Compostelle. Mérelle signifie Mère de la Lumière. Elle évoque les eaux, c’est-à-dire la fécondité, l’énergie qui renferme quelque chose de délicat, de précieux. La perle est un trésor identique au grain de sénevé, à la pierre philosophale; symbole essentiel de la féminité créatrice. Cachée dans sa coquille, la perle est Connaissance nécessitant effort et persévérance. La perle a un caractère noble, dérivé de sa sacralité. C’est pourquoi elle orne la couronne des rois ; elle signifie le mystère du Soi rendu sensible. Elle joue un rôle de centre, lorsque les instincts sont maîtrisés : il s’agit de spiritualiser la matière, le corps, de transfigurer les éléments grâce à l’introversion de l’énergie, à la concentration que la perle cachée, puis découverte, représente justement. Nous sommes maintenant plongés dans un vocabulaire et un environnement alchimique, où Mérelle sert à désigner le principe Mercure, appelé encore Voyageur ou Pèlerin, ou encore « l’eau benoîte » des Philosophes. Car le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle est celui de la quête de l’intériorité, de cette perle précieuse comme l’est la démarche alchimique. Cette quête prend son départ en nous, tel que nous sommes (notre matière première) et nous conduit de dépouillement en dépouillement, de révélation en révélation, jusqu’à notre centre, source d’une vie nouvelle. Un guide intérieur, en qui nous mettons toute notre confiance, nous accompagne dans ce voyage, il est symbolisé par saint Jacques. Et, en arrivant à Compostelle, la coquille portée au chapeau, se transforme en astre éclatant, en auréole de lumière, car le premier but de transformation de la conscience est atteint. L’Adepte sait lire le Grand Livre de la Nature. L’étoile qui lui a servi de guide tout le long du parcours, maintenant illumine son esprit. Il peut la traverser et se rendre à Fisterra et, devant l’infini de l’océan, se préparer à la rencontre de l’Absolu.

Le Logo.

Le logo européen a été établi par les graphistes espagnols Macua et Garcia-Ramos à la demande du Conseil de l’Europe. Nous connaissons tous cet emblème jaune sur fond bleu servant de balisage sur les chemins de saint Jacques. Nous étions tous, un jour très heureux de le revoir, nous croyant perdus sur le Chemin. Que signifie-t-il exactement?
Nous pouvons lui trouver quatre niveaux de lecture différents :

1 – C’est l’emblème traditionnel des pèlerinages vers Saint Jacques. La représentation stylisée de la coquille saint Jacques dont nous venons d’évoquer le symbolisme.

2 – L’idée de convergence des chemins. Une représentation symbolique de l’ensemble des chemins de saint Jacques en Europe qui convergent tous vers cet unique point, situé dans la partie la plus occidentale de l’Espagne.

3 – Ce logo transmet également cette notion de dynamique des mouvements vers l’Ouest, de cette transhumance occidentale qui existe depuis l’aube de l’humanité, représentant en ceci la poursuite de la course de l’astre solaire, symbole primitif de la divinité.

4 – Mais le quatrième niveau de lecture est certainement le plus intéressant, car le plus ésotérique. Ce logo est obtenu à partir d’un cercle. Un cercle s’appréhende par une lecture double: il est ce que l’on voit, c’est-à-dire une forme pleine, homogène et statique, parfaitement fermée sur soi. Mais il est tout autant ce qui ne se voit pas : un vide, un abîme cachant en soi un chemin invisible, principe de toute ouverture. Il est donc l’intermédiaire nécessaire entre le visible et l’invisible. Il est au delà de la frontière qui existe entre le créé et l’incréé. Atteindre le centre du cercle c’est rejoindre l’origine et la fin, l’ Alpha et l’ Omega, c’est donc se libérer définitivement de sa situation terrestre et matérielle, c’est la finalité de toute initiation. Comme nous le savons tous, le cercle est composé d’un centre (qui vient d’être évoqué dans le chapitre précédent) et d’une circonférence. Celle-ci est divisée en douze parties égales. (Douze mois, douze apôtres, douze signes du zodiaque, deux fois douze heures, etc.) Le point ainsi obtenu et situé le plus à gauche, à l’occident, est le point d’où tout émane et où tout converge : le Principe.

Les deux points immédiatement adjacents sont reliés entre eux. Ainsi ils ne convergent pas vers le point focal, mais forment avec lui une trinité, la transcendance du ternaire. Les neuf autres points convergent vers le point focal, le Principe, et forment ainsi l’image d’une coquille symbolique. Ces neufs rayons qui irradient représentent les neuf degrés d’émanation du Principe, ils sont donc porteurs des neufs noms de Dieu, ceux que Dieu donna à Moïse sur le mont Sinaï. Ils représentent aussi les neuf niveaux de la hiérarchie angélique. Il résulte de ce schéma que nous avons désormais un moyen d’appréhender le Dieu incognicible par le biais de ses degrés d’émanations successifs et ses intermédiaires. Le Deus Absconditus ne se cache plus, mais se révèle à l’aide de ces neuf rayons, dans une nuit obscure, nous indiquant ainsi, à tous, la voie du retour, celle qui nous fait passer du multiple à l’Unité, celle qui nous replacera dans notre état primordial, celui de la Connaissance, quand nous étions nous même Dieu.

Gilbert Buecher